Sahara Occidental :Deux rapports devant le Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité a tenu, ce week-end, sous la présidence de Mme Joy Ogwu, la Nigériane, sa première consultation informelle sur le Sahara occidental. Il a écouté deux apports. Le premier, celui Christopher Ross.
L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a exposé aux « quinze » son appréciation des deux tournées qu’il a faites dans la région et surtout son constat d’échec : il n’a pas réussi à convaincre le Maroc et le Polisario, les deux parties en conflit, de relancer les négociations sans sa médiation. 
Le 30 octobre dernier, il avait reconnu, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Sahara occidental, l’échec des 9 rounds de réunions informelles qu’il avait initiées en 2009. Wolfgang Weisbrod-Weber, le chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, a informé le Conseil de sécurité des « défis » que rencontre l’institution qu’il dirige depuis 2012. Objectifs de ces deux exposés : informer les membres du Conseil de sécurité avant qu’ils ne se prononcent lors de leur réunion prévue mercredi prochain sur un projet de résolution et ne renouvellent la mission des 225 membres de la Minurso jusqu’en avril 2015. 
Dans sa résolution 2099 (2013), le Conseil de sécurité, qui a invité les deux parties à poursuivre les négociations sous les auspices de Ross, « sans conditions préalables et de bonne foi », et ce, en vue de parvenir « à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », a reconnu publiquement que « le maintien du statu quo n’est pas acceptable ». 
Le Conseil de sécurité a insisté dans la même résolution sur la nécessité du respect des droits de l’Homme dans les territoires occupés par le Maroc. « Une surveillance indépendante, impartiale, complète et constante de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental devient plus que jamais une nécessité primordiale », écrivait, il y a un an et la semaine passée, Ban Ki-moon dans son rapport. Un tel dispositif demandé depuis des années par les Sahraouis et toutes les organisations des droits de l’homme activant dans le monde permettrait à la mission onusienne de dresser des rapports sur des interventions policières disproportionnées, des arrestations arbitraires, des violences physiques et/ou psychologiques. 
Présentés à des instances internationales, comme le conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, ces rapports obligeraient le pays visé à rendre des comptes. Une éventualité que le Maroc ne peut admettre. Mohamed VI, qui n’a pas admis la détermination de l’ONU à regarder la question du Sahara occidental en tant que problème de décolonisation et menacé d’expulsion la Minurso, a opté, jeudi, une première depuis des années, pour une visite au Sahara occidental occupé. 
Parallèlement aux manœuvres marocaines, 77 députés européens décident de se joindre aux appels de dizaines d’ONG internationales. Ils demandent l’extension de la Minurso aux droits de l’Homme. Emmenés par Norbert Neuser, le président de l’intergroupe « Paix pour le peuple sahraoui », ils ont écrit jeudi au secrétaire général de l’ONU pour lui demander une extension du mandat de la Minurso. « La Minurso, stationnée au Sahara occidental, doit être un observateur impartial de valeur internationale. Compte tenu du climat politique très tendu et de la répression en cours des Sahraouis qui ne partagent pas les vues politiques du Maroc, la surveillance des droits de l’Homme par la Minurso devrait être un pas très important pour améliorer la situation », écrivent les députés européens.
Djamel B.
Horizons, 19/04/2014

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