Jamais les relations entre Washington et Rabat n’ont été aussi tendues, et ce, parce que le Président Barack Obama s’est dit publiquement favorable à la proposition algérienne d’étendre les fonctions de la surveillance de la Misurno (NDLR : mission onusienne pour la surveillance et la résolution de la question du Sahara occidental) aux droits de l’Homme et leur respect dans le Sahara occidental actuellement occupé par le Maroc. Plus encore, le Maroc, depuis plusieurs mois, refuse pratiquement de recevoir Christopher Ross, envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, trahissant une nervosité de voir son plan de «large autonomie» rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le département d’Etat américain a confirmé l’arrivée avant-hier dans la soirée du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, dans la capitale marocaine. Cette escale maghrébine est la dernière d’une tournée de plusieurs semaines qui l’a menée en Europe et au Moyen-Orient. Le chef de la diplomatie américaine a eu l’occasion de rencontrer le roi Mohammed VI et son homologue marocain Salaheddine Mezouar.
Quelques heures à peine après sont départ d’Alger où il était en visite mercredi et jeudi derniers, John Kerry est arrivé jeudi, en début de soirée, dans la capitale marocaine, à Rabat, afin de co-présider l’initiative de dialogue stratégique entre les Etats-Unis et le Maroc, tout comme il l’a fait à Alger auparavant. Le chef de la diplomatie américaine a quitté Rabat hier soir pour rejoindre Washington, achevant ainsi une tournée de plusieurs semaines entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La venue de John Kerry intervient dans un contexte très particulier. Jamais les relations entre Washington et Rabat n’ont été aussi tendues, et ce, parce que le Président Barack Obama s’est dit publiquement favorable à la proposition algérienne d’étendre les fonctions de la surveillance de la Misurno (NDLR : mission onusienne pour la surveillance et la résolution de la question du Sahara occidental) aux droits de l’Homme et leur respect dans le Sahara occidental actuellement occupé par le Maroc. Plus encore, le Maroc, depuis plusieurs mois, refuse pratiquement de recevoir Christopher Ross, envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, trahissant une nervosité de voir son plan de «large autonomie» rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie est traditionnellement une féroce opposante à ce plan, en partie par soutien à Alger. Mais maintenant, même Washington remet en cause ce plan et les médias marocains ont fait état à maintes reprises de l’inquiétude des autorités marocaines qui voient d’un très mauvais œil, le rapprochement entre Alger et Washington.
Allié stratégique
Le Maroc est historiquement l’allié stratégique le plus stable et le plus fiable pour les puissances occidentales et, mis à part les récents froids diplomatiques avec Washington et Paris, qui sont, sommes toutes, circonstanciels, le Maroc représente encore le partenaire des Occidentaux. Dans une telle configuration, la venue de John Kerry s’inscrit dans le cadre du raffermissement des liens entre les Etats-Unis et le Maroc qui ont d’ailleurs, depuis 2007, mis en place un accord de Libre-échange entre leurs deux pays. Si la question du Sahara occidental risque de fâcher les officiels marocains, John Kerry sera contraint de l’évoquer dans la mesure où le Président américain Barack Obama a plusieurs fois fait montre de sa volonté d’accélérer le processus visant au règlement de cette question dans le cadre de l’ONU. D’ailleurs, cette visite intervient à un mois seulement du vote qui devraient normalement reconduire la Misurno dans ses fonctions et, vraisemblablement, devraient étendre ses compétences aux droits de l’Homme. En outre, Rabat représente également un pôle important de lutte antiterroriste au regard des Occidentaux qui ont largement participé au soutien de la course à l’armement effréné dans laquelle Rabat s’était lancée pour rivaliser avec Alger, sans succès. Les Etats-Unis, pour leur part, espèrent voir les deux meilleurs ennemis du Maghreb enfin mettre leurs différends de côté afin de pouvoir travailler ensemble sur la protection du Sahel et l’éradication de la menace terroriste dans la région. Précisément, pour apaiser la relation entre l’Algérie et le Maroc, qui a toujours été tendue, la diplomatie américaine compte sur le règlement rapide de la question du Sahara occidental, laquelle émaille particulièrement la mise en place d’un axe Alger-Rabat. D’ailleurs, les visites de John Kerry à Alger et Rabat devaient initialement avoir lieu en décembre dernier, après une nouvelle escalade entre les deux pays, avant d’être reportée en raison du sommet de Genève sur le nucléaire iranien, organisé à la dernière minute.
Reporters, 05/04/2014
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