Sahara Occidental : Aminatou Haidar et Kerry Kennedy appellent à une mobilisation internationale

Alors que le Sahara occidental demeure la dernière colonie de l’Afrique, «toute forme de colonialisme doit être supprimée dans le continent africain», a insisté la représentante de l’UA.
La militante sahraouie des droits de l’homme, Mme Aminatou Haidar, et la présidente de l’ONG américaine «Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme» (RF Kennedy Center), Mme Kerry Kennedy, ont appelé jeudi à Washington, à une plus grande mobilisation internationale pour le respect des droits de l’Homme du peuple sahraoui violés par le Maroc ainsi que pour son droit à l’autodétermination.
Mme Haidar et Mme Kennedy ont lancé cet appel lors d’un débat-panel organisé conjointement par la Mission de l’Union africaine à Washington et RF Kennedy Center en présence, notamment de représentants du corps diplomatique accrédité à Washington, de Think- tanks et de médias ainsi que du représentant du Front Polisario dans la capitale fédérale américaine, Mohamed Yeslem Beisat. Dans son allocution, l’ambassadrice de l’UA à Washington, Mme Amina Salum Ali, a rappelé que l’Organisation panafricaine a constamment réaffirmé son attachement à ses résolutions qui appellent à l’accélération du référendum au Sahara occidental occupé par le Maroc.
L’autodétermination, un des principes cardinaux du Droit international
Enjoignant les Nations unies et le Conseil de sécurité de prendre leurs responsabilités dans ce dossier dont le règlement n’a que trop duré, Mme Salum Ali a soutenu que le droit à l’autodétermination était un des principes cardinaux du Droit international. Alors que le Sahara occidental demeure la dernière colonie de l’Afrique, «toute forme de colonialisme doit être supprimée dans le continent africain», a insisté la représentante de l’UA. C’est dans ce sens que Mme Haidar a entamé son intervention en exprimant son «sentiment d’amertume» de penser à son pays, le Sahara Occidental, qui demeure toujours la dernière colonie en Afrique tandis que tous les peuples africains libres avaient célébré, en 2013, le 50e anniversaire de la fondation de l’ex-Organisation de l’Union africaine (OUA), devenue l’UA en 2002. Abordant la question des droits de l’homme, la militante sahraouie a fait savoir à l’assistance que le Maroc continuait toujours de commettre des violations et atteintes aux droits de l’homme à l’encontre des civils sahraouis au su et au vu de la Mission de l’Onu pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), présente depuis la date de la proclamation du cessez-le-feu au Sahara occidental en septembre 1991. Sur un autre plan, Mme Haidar, qui est également la présidente du Collectif des défenseurs des droits de l’Homme au Sahara occidental (CODESA), a affirmé que le peuple sahraoui ne cachait pas sa déception de voir des compagnies de certains pays de l’Union européenne continuer de mener illégalement des activités économiques dans les territoires occupés du Sahara occidental dans le domaine de la prospection pétrolière et minérale, de l’agriculture, des ressources halieutique et des énergies renouvelables. Comme le sommet UA-UE va se tenir en avril prochain, la militante sahraouie a considéré que l’UA devrait interpeller l’UE sur le fait que les activités économiques menées par le Maroc et ses partenaires européens dans les territoires occupés du Sahara occidental allaient «hypothéquer les intérêts économiques des générations futures au Sahara occidental». Elle a aussi appelé l’UA, connue ces dernières années pour sa contribution directe à la résolution des conflits en Afrique, d’agir fermement auprès de l’Onu pour exiger la tenue d’un référendum libre et impartial au Sahara occidental permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime à l’autodétermination. Dans ce contexte, elle a tenu à exprimer ses remerciements au gouvernement américain pour avoir présenté, en avril 2013, au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution sur l’élargissement du mandat de la MINURSO au volet de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental, mais qui n’avait pas été adopté en raison de l’opposition de certaines puissances mondiales.
Se mobiliser pour que le Maroc réponde de ses responsabilités
Prenant le relais de ce débat-panel, Mme Kennedy, a tenu, tout d’abord, à apporter son propre témoignage aux participants sur les nombreuses violations des droits de l’homme commises par les autorités marocaines contre les Sahraouis constatées durant son voyage au Sahara occidental en août 2012. Ces exactions se poursuivent sans relâche en raison, en partie, de l’absence d’un mécanisme international sur place pour surveiller les violations des droits de l’homme, a-t-elle noté. Dans ce sens, elle s’est interrogée sur les motifs qui expliqueraient que la MINURSO soit la seule mission de maintien de la paix des Nations unies qui n’inclut pas un mandat de surveillance et d’établissement de rapports sur les droits de l’homme. «Il faut agir pour que le Maroc rende des comptes et réponde de ses responsabilités», s’est-elle indignée. Dans sa quête, Mme Kennedy a appelé à multiplier les actions pour sensibiliser davantage les gouvernements et la communauté internationale sur la violation des droits de l’homme des Sahraouis. «Je ne suis pas du tout désespérée de voir, un jour, les droits de l’homme des Sahraouis enfin protégés», a-t-elle lancé en observant que des grands changements se déroulent depuis plusieurs années en faveur du respect des droits de l’homme à travers plusieurs pays du monde. Durant le débat, plusieurs participants se sont interrogés sur le fait que le problème du Sahara occidental soit quelque peu occulté par rapport à d’autres crises passées ou actuelles lesquelles, selon eux, sont plus  »visibles » sur le plan diplomatique et médiatique telles la Syrie, l’Ukraine ainsi que le précédent cas soudanais. A ce propos, Mme Haidar a expliqué cette situation par «l’indifférence» de certains pays et la ‘»complicité» d’autres pour que le problème sahraoui demeure dans l’impasse, tout en attribuant l’origine de la question sahraouie, en premier lieu, à l’Espagne du fait qu’il s’était retiré des territoires sahraouis sans avoir engagé le processus de décolonisation, ouvrant la voie à l’occupation illégale par le Maroc. La communauté internationale dont notamment l’ONU et les grandes puissances, a-t-elle poursuivi, doit exercer des pressions plus fortes sur le Maroc pour non seulement établir le respect des droits de l’homme mais aussi pour instaurer une solution politique permettant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. «Il s’agit de défendre un peuple opprimé et les Sahraouis sont déterminés à continuer leur lutte pour l’autodétermination», a-t-elle assuré. Durant son séjour à Washington, Mme Haidar avait été reçue, lundi dernier, par le Congrès américain devant lequel elle avait fait une intervention pour plaider la cause du Sahara occidental occupé et dénoncer les violations continues des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc. Après son séjour à Washington, l’activiste sahraouie se rendra lundi prochain à New York où elle rencontrera de hauts représentants de l’ONU, et ce, à l’approche de la réunion du Conseil de sécurité consacrée au Sahara occidental prévue en avril prochain.
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