Grave petite déclaration de l’ambassadeur de France à Washington en 2011 à l’égard du royaume bien aimé du Maroc. Le Maroc est une “maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre”, aurait en effet affirmé en 2011, François Delattre.
C’est la confidence sulfureuse qu’a confié jeudi le célèbre acteur espagnol Javier Bardem, auteur d’un documentaire sur le Sahara occidental au quotidien français Le Monde. Un vrai scandale “XXL” quand on sait que Paris est un soutien permanent et sans réserve du royaume du Maroc notamment sur le dossier du Sahara.
Du coup, le makhzen a été très secoué par une déclaration aussi crue d’un diplomate représentant un pays très intime. Et cette confidence au parfum de scandale, ne pouvait tomber mieux (ou pire) en pleine polémique sur des plaintes déposées à Paris contre le patron du contre espionnage marocain Abdellatif Hammouchi à savoir la redoutable Direction générale de la sécurité du territoire (DGST) pour tortures.
En effet, la justice française a donné suite jeudi à des plaintes déposées par des ressortissants marocains suite à la demande de l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) de saisir l’opportunité de la présence en France du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi. Dans la foulée, sept policiers se sont rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris pour notifier à M. Hammouchi une convocation émanant d’un juge d’instruction.
Le Maroc est comme une …”une maîtresse…”
Le Maroc a vivement réagi en rejetant “catégoriquement” les accusations et convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, déplorant un “incident rare et inédit”. Confuses les autorités françaises, ont tenté d’apaiser les tensions et ont évoqué dimanche un “incident regrettable”, tout en promettant que “toute la lumière (serait) faite”.
Or, le même jour, une nouvelle plainte, pour “torture”, a été introduite en France contre le patron du contre-espionnage marocain par l’avocat d’un ancien champion de boxe light-contact, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012. M. Moumni avait été arrêté en septembre 2010 à son arrivée au Maroc de France, où il réside.
Il affirme avoir signé “sous la torture” les aveux selon lesquels il aurait soutiré à deux Marocains 1.200 euros, en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe. Condamné à 30 mois de prison en appel, il avait été libéré en février 2012 après 17 mois de détention, à la suite d’une grâce du roi Mohammed VI.
Plaintes pour tortures
En attendant l’issue de ces plaintes ciblant le chef du contre espionnage marocain, Rabat reçoit les déclarations pas très glorieuses du diplomate français comme un terrible boomerang. Si le Quai d’Orsay s’est empressé de démentir les propos prêtés à François Delattre, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Khalfi, a fustigé des “mots blessants” et des “expressions humiliantes”.
Ces propos sont d’autant plus “scandaleux et inadmissibles” que le Maroc “ne cesse d’oeuvrer pour le renforcement des relations bilatérales”, a-t-il ajouté dans un communiqué cité par l’agence MAP. Pour autant, Rabat “demeure persuadé que la France saura réparer le mal qui a été causé par ces propos”, qu’ils “aient été fallacieusement attribués” au diplomate “ou effectivement prononcés”, a encore avancé M. Khalfi.
Quoi qu’il en soit, ces affaires scabreuses soulignent que le “couple” franco-marocain n’est finalement pas aussi tranquille qu’on le prétend. Ces confidences du diplomate français lèvent un coin du voile qui enveloppe les secrets “d’alcôve” qui justifie le soutien à toute épreuve de Paris à Rabat.
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