La mobilisation internationale en faveur des droits du peuple sahraoui et les campagnes lancées pour que la protection des droits de l’homme soit étendue à la Minurso par le Conseil de sécurité, affolent le Maroc qui tremble de voir en avril prochain, l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. C’est pourquoi et a chaque fois que la panique s’installe au Palais Royal, le Maroc outre qu’il fait diversion avec des provocations cycliques à l’encontre de l’Algérie , se tourne vers les puissants lobbies israéliens qui font la pluie et le beau temps au Etats-Unis mais aussi dans des pays européens et notamment en France.
Pour ce faire s’active au renforcement des liens, déjà existants depuis les premières années de l’indépendance du Maroc, avec les lobbys juifs, très influents aux Etats-Unis. Mais depuis un peu moins d’un an, Rabat tente, selon un site électronique marocain un un rapprochement avec des têtes d’affiche de la communauté afro-américaine, réputés proches des démocrates, pour défendre ses thèses coloniales sur le Sahara Occidental.
Pour rappel, le lobby juif à Washington a joué un rôle primordial dans le retrait par les Etats-Unis n de l’incendie lié au projet de résolution américaine au Conseil de sécurité. La délégation marocaine royale, dépêchée sur place dans l’urgence, avait permis de renouer le contact avec l’ancien patron du Conseil national de sécurité, Tom Donilon, remplacé par Susan Rice et John Kerry. Une entreprise rendue facile grâce notamment au concours du lobby juif, selon le site marocain Yabiladi qui souligne que « compte tenu des services rendus, Rabat se devait d’honorer ses amis aux Etats-Unis ».
A l’occasion de la Fête du trône, le souverain marocain décorait d’un Wissam royal, la plus haute distinction marocaine , le vice-président de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) , le lobby juif américain.
L’ambassade du Maroc à Washington est elle aussi, mise à contribution. L’ambassadeur Rachad Bouhlal n’hésite pas à sillonner les Etats-Unis pour aller à la rencontre des organisations juives. Début février, il était en Floride pour faire bouger les lobbies sionistes particulièrement puissants dans cet Etat.
Le Maroc se tourne aussi , millions de dollars à l’appui , vers la communauté afro-américaine. Tout a commencé avec la visite, en août dernier, du révérend Jessie Jackson au Maroc. Accompagné de sa petite famille, l’ancien candidat malheureux aux primaires du parti Démocrate aux présidentielles de 1984 et 1988, n’a pas tari d’éloges sur « les différentes actions et réformes menées au Maroc et sa prétendue expérience « démocratique accumulée ». le désormais vecteur de la propagande officielle marocaine la MAP , lui faisant dire que ces « avancées qui font du royaume un modèle particulier à suivre dans la région ».
Le déplacement de Jessie Jackson a balisé le terrain pour d’autres membres influents de la communauté noire. Fin décembre et début janvier, une délégation composée de douze membres du Congressional Black Caucus (CBC) était au « royaume enchanté » . Après des entretiens avec des responsables marocains à Rabat, les députés ont été reçus, au palais de Marrakech, par Mohammed VI. « Un indicateur fort de l’importance de cette visite pour la partie marocaine, d’autant plus que les adhérents à ce caucus sont, majoritairement, issus de la formation politique du président Obama. Une proximité qui pourrait s’avérer cruciale pour influencer la politique des Démocrates vis-à-vis du Maroc », relève Yabiladi. Il indique également que moins d’une semaine après le départ des membres du CBC, des journalistes afro-américains débarquent au Maroc. A Rabat, ils ont eu des entretiens avec la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida avant de s’envoler vers Al Ayoun occupée et Dakhla où ils ont eu des discussions avec les autorités locales, des représentants d’associations défendant l’occupation du territoire.
Pour mieux séduire les professionnels noirs des médias, la RAM la compagnie marocaine d’aviation , a signé, en janvier à Washington, un accord de partenariat avec l’Association nationale des journalistes noirs aux Etats-Unis (NABJ). La compagnie s’engage à faciliter les déplacements effectués par les membres de NABJ en Afrique. Les plus méritants parmi les étudiants en journalisme, dans le cadre de leurs recherches portant sur le continent noir, bénéficieront des mêmes largesses. Le choix de cette association n’est pas fortuit. La NABJ, fondée en 1975, compte quelques 5000 journalistes et professionnels des médias afro-américains parmi ses membres.L’ambassadeur du Maroc, lui non plus, ne ménage pas ses efforts et ses cadeaux auprès des organisations afro-américaines. Tout récemment, il participait au Festival de Zora Neale Hurston , à Eatonville EN Floride, où se côtoyaient, journalistes, élus, acteurs, chanteurs, musiciens, tous afro-américains.
Comme s’il n’en fait pas déjà assez le Maroc qui consacre des millions de dollars a ce lobbying et à deux mois, de l’examen par le Conseil de sécurité d’une nouvelle résolution sur le conflit au Sahara occidental, les medias marocains se demandent si l’ouverture marocaine sur la communauté afro-américaine en plus de l’appui acquis du Lobby sioniste seront suffisant pour contrer la volonté de la communauté internationale qui rejette son occupation du Sahara occidental.
Mokhtar BENDIB
Le Courrier d’Algérie, 22/02/2014
Visited 1 times, 1 visit(s) today
Be the first to comment