Alger rejette la «manipulation» de Rabat

Avec ce nouveau couac diplomatique entre Rabat et Alger, les remous entre les deux pays voisins ne font qu’augmenter. En effet à cause de la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, le Maroc multiplie les attaques.
Le Maroc ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges contre l’Algérie. Quand les occasions viennent à manquer, le Royaume chérifien ne se gêne pas pour en créer. C’est le cas aujourd’hui avec sa nouvelle accusation d’avoir été empêché de participer au Forum mondial pour la lutte contre le terrorisme (Gctf), tenu du 4 au 6 février à Alger.
Par Hasna Yacoub 
Les médias marocains au service de leur roi se sont déchaînés durant ces deux derniers jours affirmant qu’une délégation de leur pays a été «expulsée par les autorités algériennes, sous prétexte que les noms de ses membres ne figuraient pas sur la liste des participants». 
Selon les médias marocains, l’ambassadeur du royaume chérifien à Alger, Abdellah Belkeziz, a réagi en exprimant son mécontentement auprès de l’ambassade américaine en Algérie. Ils ont également soutenu que «les Etats-Unis et la Turquie, qui assurent la coprésidence de ce Forum, ont fermement condamné cette décision. Son secrétaire général a même dit avoir retiré son soutien financier et administratif à l’organisation de cette réunion dans la capitale algérienne». 
N’étant pas dupe qu’il s’agit encore une fois d’une malveillance du Maroc, une source diplomatique algérienne, citée par l’APS, a tenu à rejeter «toutes les formes de manipulation» des autorités marocaines qui essayent de «semer la confusion». Cette source a affirmé qu’«une agence de presse étrangère (marocaine), connue pour son dénigrement systématique de l’Algérie, s’essaye, une nouvelle fois, à semer la confusion au sujet d’un atelier organisé, la semaine dernière à Alger, par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert)». Elle a également ajouté : «Cette agence, qui nous a habitués à toutes les formes de manipulation, essaye de mettre en cause le gouvernement algérien en lui attribuant, à tort, une décision qui est du seul ressort d’une structure de l’Union africaine, en l’occurrence le Caert.» 
La source diplomatique n’a pas manqué de préciser que le communiqué du Gctf ainsi que le message de l’Unité administrative «ne citent pas une seule fois l’Algérie ou le gouvernement algérien». «Les autorités algériennes ne sont nullement concernées par cette affaire», car, a souligné la même source, l’Algérie «n’est pas la partie invitante» à l’atelier organisé par le Caert. Les communiqués du Gctf et du responsable de l’Unité administrative du Gctf ne font nullement référence à l’Algérie, mais expriment leur déception vis-à-vis de l’UA qui a exclu un membre du Gctf, en l’occurrence le Maroc.
«Les coprésidents du Gctf ont été profondément déçus par la décision de l’UA d’exclure un membre du Gctf d’un atelier du Gctf», a indiqué un communiqué de l’Unité administrative du Gctf. Pour sa part, le forum s’est dit «fortement» opposé à «l’exclusion de tout membre du Gctf» de cet atelier du Gctf qui est organisé en collaboration avec le Caert. Placée sous l’égide de l’Union africaine (UA) et du Conseil de sécurité des Nations unies, la rencontre d’une journée a été co-organisée par le Caert et le Gctf. Il est à rappeler que le Caert est une structure qui relève de la Commission de l’Union africaine. Il établit son propre programme d’activités et détermine lui-même la liste des participants aux ateliers qu’il organise. Il est à préciser également que le Maroc n’est pas membre de l’Union africaine (UA), depuis qu’il a quitté l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le 12 novembre 1984, protestant contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). 
Avec ce nouveau couac diplomatique entre Rabat et Alger, les remous entre les deux pays voisins ne font qu’augmenter. En effet à cause de la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, le Maroc multiplie les attaques. Il y a eu récemment l’affaire du drapeau du consulat algérien à Casablanca arraché, piétiné et brûlé par des Marocains à une date symbolique pour l’Algérie, le 1er Novembre. Il y a eu aussi les propos véhéments de Mohamed VI, en octobre dernier. Le roi du Maroc avait ouvert les hostilités avec l’Algérie lors de son discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la première session de la troisième année législative du Parlement. Il avait alors appelé les Marocains à «une forte mobilisation, une vigilance de tous les instants, et des initiatives efficaces, aux niveaux interne et externe, pour contrecarrer les ennemis de la nation où qu’ils se trouvent et pour déjouer les stratagèmes illégitimes auxquels ils ont recours». Tout en évitant de prononcer le mot «Algérie», Mohammed VI s’en était vertement pris à son voisin qu’il a désigné comme l’ennemi de la nation marocaine. 
Pour Alger, les choses sont claires. Afin de déjouer toutes les tentatives du Royaume chérifien qui visent à faire de l’ombre à la question du Sahara occidental, l’Algérie met, sereinement, en avant la sagesse et appelle à chaque fois à «la retenue» qui «est extraordinairement importante quand il s’agit de pays voisins frères», comme le répète souvent son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. 
H. Y.
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