Alors que le gouvernement malien et les rebelles Touaregs du nord Mali doivent trouver un médiateur, pour le moment la situation reste bloquée. Si Bamako préfère l’Algérie pour ce rôle, le MNLA a décidé de frapper à la porte du Maroc.
C’est un nouvel épisode de la sempiternelle guerre entre le Maroc et l’Algérie et c’est désormais sur le terrain diplomatique qu’elle se joue. Le roi Mohamed VI, après avoir reçu Bilal Ag Acherif, le chef du MNLA, a brouillé les pistes concernant la résolution de la crise malienne et la mise en place d’un processus de réconciliation entre Bamako et le nord Mali. Selon les accords de Ouagadougou de juin 2013, gouvernement malien et rebelles doivent s’entendre sur le choix d’un médiateur mais à mesure que le temps passe, le MNLA s’est montré de plus en plus méfiant à l’égard d’Alger qui pourtant à toujours tenté de trouver une solution politique, même au plus fort du conflit. Si le président malien préfère que ce soit Alger qui prenne la tête des opérations de médiation, le choix du MNLA de se rapprocher du Maroc est un nouveau coup dur pour l’exécutif malien. Non content de jouer les prolongations dans le conflit nord-sud, le Mouvement national de libération de l’Azawad a décidé de jouer avec les vieilles rancœurs existantes entre Rabat et Alger. L’organisation touarègues a d’ailleurs refusé de se rendre en Algérie il y a deux semaines pour une série de rencontres à but uniquement exploratoire.
Le MNLA laisse pourrir la situation
Mais à ce jeu de dupes le MNLA pourrait bien perdre des plumes. Déjà décrédibilisé par ses actes qui ont mené à la guerre au nord Mali et à la prise de pouvoir des djihadistes en 2012, ce nouvel épisode pourrait bien avoir pour effet de l’isoler un peu plus du processus de réconciliation nationale qu’il prétend vouloir. D’autre part la population malienne commence à s’impatienter de la lenteur de la mise en place du dialogue. Si au départ Ibrahim Boubacar Keïta était considéré comme trop conciliant, l’attitude des Touaregs pourrait avoir paradoxalement pour effet de renforcer le chef de l’Etat qui lui souhaite rapidement mettre un terme aux divisions du pays. Dans le même temps Rabat qui a pour ambition de prendre une place plus large au niveau de la politique régionale cherche à influer sur les discussions entre Bamako et les rebelles quitte à provoquer la colère de l’Algérie. Reste désormais à savoir si le Maroc prendra le risque de mécontenter le Mali en rencontrant à nouveau les dirigeants du MNLA.
Pour le moment les discussions piétinent et la situation reste la même. Le dialogue intermalien est à l’arrêt et si le choix du médiateur devait trop tarder cela pourrait avoir des conséquences. Outre la colère des uns et des autres, l’ONU prendrait les choses en mains. Un scénario qui n’est désormais plus impossible.
Louise Diallo
Afrique Inside, 04/02/2014
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