Le Maroc exploite du quartz au Sahara occidental occupé

Un autre minérai semble être exploité, illégalement, par le Maroc au Sahara occidental occupé : le quartz. Selon les défenseurs sahraouis des droits de l’Homme des territoires occupés du Sahara occidental, de hauts responsables militaires qui sont stationnés près du mur de la honte, dont la construction a été réalisée avec le précieux concours de l’armée sioniste, sont impliqués dans l’exploitation du quartz. Le mur est une fortification militaire érigée par le Maroc, dans les années 80, qui aujourd’hui divise en réalité le territoire et les familles sahraouies entières. Le quartz est un minérai abondant dans la croûte continentale de la Terre, et a plusieurs variétés. Il est l’un des minéraux les plus couramment utilisés dans la fabrication de sculptures, de bijoux. La valeur du quartz dépend de la variété, la taille, le poids et la couleur. Le quartz déterré au Sahara occidental occupé serait exporté vers l’étranger, de la manière la plus illégale qui soit. «Nous voulons que le monde voit de ses propres yeux ce qui se passe au Sahara occidental. Le Maroc vole nos ressources», a déclaré le défenseur des droits de l’Homme, Hmad Hammad, vice-président de l’Organisation sahraouie des droits humains CODAPSO, dans une vidéo.
L’exploitation et le commerce des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc ont lieu en violation du droit international, parce qu’ils ne tiennent pas compte des souhaits ni des intérêts du peuple sahraoui comme précisé dans l’avis juridique de l’Onu de 2002. Les Sahraouis ne bénéficient pas du commerce, et ceux qui s’expriment contre sont souvent victimes d’arrestation arbitraire, d’intimidation, d’emprisonnement.
Le Maroc n’hésite pas non plus à piller d’autres ressources naturelles sahraouies, en accordant par exemple des contrats de pêche au large des côtes les plus poissonneuses du monde, mais aussi en extrayant des quantités phénoménales de phosphate, devenant ainsi le premier producteur et exportateur de ce produit. L’ironie veut même que ce soit Mohamed VI, en personne, qui s’en enrichisse personnellement puisque la société en charge de ces activités lui appartient personnellement.
Une crise mondiale se profile à l’horizon
Une crise imminente aux conséquences potentiellement mondiales approche, et elle concerne le Maroc et le commerce du phosphate. Le pays détient 75% des réserves connues de phosphate, «le quasi monopole le plus impressionnant de l’histoire humaine» selon Jeremy Grantham, co-fondateur du fonds d’investissement américain Grantham Mayo van Otterloo, interrogé par la BBC.
Premier problème, selon la BBC: les réserves sont énormes, le manque ne se fera pas sentir avant des décennies, voire des siècles. Le phosphate est donc une ressource dévaluée et exploitée sans aucune limite pour l’environnement, même si son prix a connu une forte hausse ces dernières années, avant d’entamer une baisse en 2013. Or, l’apport excessif en phosphate de l’agriculture qui n’est pas absorbé par les plantes se déverse dans les rivières, contribuant au phénomène d’eutrophisation des milieux aquatiques (excès de matières organiques dans les eaux, causé par la croissance puis la dégradation de quantités excessives d’algues). Le milieu aquatique, à la longue, devient hostile à toute forme de vie autre qu’anaérobique.
Autre question brûlante: les ressources marocaines sont, comme l’explique le Global Post, situées pour une part au Sahara occidental, territoire revendiqué par le Maroc qui l’occupe depuis 1976 et par le Front Polisario. Si le Maroc est accusé d’exploiter les ressources du territoire qu’il occupe illégalement au regard du droit international au détriment des populations locales, les multinationales qui achètent sa production sont jugées complices, à commencer par PotashCorp, la plus grande entreprise d’engrais au monde, comme l’explique une longue enquête du Christian Science Monitor. Le gouvernement marocain se défend en affirmant que les mines situées sur le territoire du Sahara occidental profitent aux populations locales, mettant en avant les embauches sur place et les financements de services publics, avec notamment la première université du territoire… Les représentants sahraouis, eux, expliquent que ces derniers sont discriminés dans l’attribution des emplois dans les mines ou les ports au profit des Marocains qui viennent s’installer sur place, grâce aux incitations financières du gouvernement. Une politique ségrégationniste existe dans les territoires occupés. Calquée en grande partie sur les actions menées par la soldatesque sioniste dans les territoires palestiniens, elle va bien au-delà des tortures, des tribunaux spéciaux, des viols, et des détentions arbitraires. La déportation attend les familles de tous les militants de la cause sahraouie, dont les maisons sont systématiquement détruites, alors que les terrains sont attribués à des sujets marocains alléchés par les nombreuses facilités qui leur sont offertes par le makhzen.
Mais ce ne sont pas tant les questions morales qui inquiètent le reste du monde que les enjeux stratégiques de la région: le proche Mali devenant le terrain de jeu des terroristes d’Al-Qaïda, certains experts pensent que le Maroc -et donc l’approvisionnement en phosphate- pourrait être à son tour touché par des troubles internes.
Ces troubles sont également renforcés par la présence de cellules terroristes et islamistes locales au moment où le roi Mohamed VI, qui a mis à sac son royaume, via un nombre effrayant de sociétés-écrans, a refusé de tirer les leçons requises par les printemps arabes, en procédant à de fausses réformes, gardant les pleins pouvoirs (quasi-divins) entre ses seuls mains ainsi que celles de ses rares conseillers.
De surcroît, toute une génération de Sahraouis qui a grandi dans les camps de Réfugiés -majoritairement en Algérie- a été totalement absente des révolutions arabes, et cette jeunesse envisage de plus en plus de se battre contre le Maroc, explique le Global Post. Le souverain chérifien se trouve donc au pied du mur. Ayant raté toutes les occasions de trouver une sortie honorable, il risque fort de faire face à de violentes jacqueries internes, alors que les Sahraouis, qui ont maintes fois brandi la menace, peuvent reprendre la lutte armée face au silence complice de la communauté internationale du pillage de leurs ressources naturelles (halieutiques en sus du phosphate) et de tous les dénis de droit, dont ils sont les victimes au quotidien…
Kamel Zaïdi
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