Point hebdomadaire n°52 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc

Que de procès d’opinion cette semaine au Maroc! Pas moins de sept. Cinq rien que pour le seul lundi 27 janvier. Cela concerne tout aussi bien des enseignants, des étudiants et des diplômés chômeurs que des défenseurs des droits de l’Homme, des militants du 20-Février, des syndicalistes et des défenseurs des victimes des dérives du microcrédit, ou encore des Sahraouis.
C’est à ces informations inquiétantes que s’atèle notre présent point sur la campagne de parrainage. Si quatre de ces procès ont commencé il y a un bout de temps déjà (le cas des militants de l’UNEM à Meknès et de celui des deux défenseurs des victimes du microcrédit à Ouarzazate), les autres sont nouveaux et risquent de faire rallonger encore plus nos listes de prisonniers d’opinion qu’on propose au parrainage.
Groupe 20-Février d’Al-Hoceima : Abdelhalim Bakkali, militant du 20-Février, de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM, non encore autorisée) et de l’UNEM, était convoqué lundi 27 janvier devant la cour d’appel d’Al-Hoceima. Rappelons qu’il avait été jugé à 4 ans de prison ferme en première instance (voir point précédents). La peine a été ramenée à deux ans en appel et au moment où il purgeait sa peine à la prison Sept Villages de Tanger, il est de nouveau convoqué car le parquet, non content de cette peine, a réussi à casser le jugement. D’après son avocat, Maître Mohamed El-Messaoudi, lui-même poursuivi dans une autre affaire, et qui s’est déplacé de Casablanca pour le défendre, Abdelhalim Bakkali risque de voir sa peine s’alourdir. Maître El-Messaoudi nous a informé que sa demande de liberté provisoire a été refusée et que le procès de son client a été pour la quatrième fois reporté au 10 mars 2014 pour pouvoir convoquer les témoins et permettre surtout à Abdelhalim Bakkali d’aller passer ses examens de master à la prison de Tanger. Abdelhalim Bakkali est en prison depuis le 12 mai 2012 pour ses activités au sein du mouvement 20-Février et de l’ANDCM de Béni Bouayach.
Groupe 20-Février à Marrakech : Bonne nouvelle ! Le militant du 20-Février, Chérif Talhaoui, qui avait été arrêté à Agadir et transféré après trois jours à Marrakech où il était condamné à six mois (voir points précédents), vient de quitter la prison Boulamharez. Il a été libéré la nuit du dimanche à lundi pour empêcher que ses camarades de lutte et les défenseurs des droits de l’Homme de Marrakech lui organisent un accueil.
Groupe 20-Février à Fès : Le prisonnier d’opinion Mohamed Adli, arrêté il y a six mois à Séfrou (voir points précédents) pour ses activités au sein de l’UNEM et du mouvement 20-Février, a bénéficié d’une libération provisoire lors de son procès, tenu lundi 27 janvier. Ses camarades du 20-Février, empêchés par les forces de l’ordre d’assister à son procès, sont partis l’attendre à la sortie de la prison. Son procès a été reporté au 17 février prochain.
Groupe 20-Février à Tiflet : Fouad Balbal, un militant du 20-Février et secrétaire général de l’AMDH de Tiflet, a été condamné lundi 27 janvier par le tribunal de première instance de Khémisset à six mois de prison ferme. La justice lui reproche d’avoir participé à un « rassemblement violent et non autorisé » lorsqu’il s’est solidarisé avec les habitants d’un quartier, non loin de Tiflet, qui ont manifesté contre l’installation près de leurs habitations de pilonnes de communication. Son procès s’est déroulé à hui-clos. La famille de Fouad et les défenseurs des droits de l’Homme ont été empêchés d’accéder à la salle d’audience. Rappelons que Fouad Balbal faisait déjà partie de nos listes au moment du lancement de la campagne puisqu’il était déjà poursuivi en liberté pour sa participation aux manifestations du 20-Février à Tiflet.
Groupe Ouarzazate-Microcrédit : La 21ème audience du procès d’Amina Mourad et Bennacer Smaini, les deux coordinateurs du mouvement des victimes des microcrédits à Ouarzazate, s’est tenue mardi 28 janvier 2014 devant la cour d’appel d’Ouarzazate. Le jugement devrait être prononcé le 11 février prochain. Plusieurs victimes, venues de toute la région, ont manifesté leur soutien devant le tribunal. Les avocats de la défense, s’appuyant sur des documents prouvant le taux élevé pratiqué et montrant les dérives dangereuses du microcrédit, ont plaidé la relaxe pour Amina et Bennacer. Rappelons qu’ils avaient été blanchis lors du procès en première instance lorsque les quatre organismes du microcrédit avaient retiré leurs plaintes. Mais un nouvel organisme, INMAA, lié à Planet Finances a fait appel. Le Procureur a requis en novembre dernier 5 ans de prison ferme pour les deux prévenus. L’ASDHOM qui n’a cessé de soutenir Amina et Bennacer, demande leur relaxe car elle considère qu’ils ne font que soutenir des victimes des dérives du microcrédit.
Groupe UNEM-Kénitra : les quatre militants de l’UNEM, Abderrahim Taouil, Ismail El-Ahmar, Abderrazak Jakko et Zakaria Rakkas, arrêtés le 20 janvier à l’université de Kénitra (point 51) ont été présentés au tribunal de 1ère instance le mercredi 22 janvier. Ils ont été placés en garde à vue pour la suite de l’instruction. Leurs camarades qui se sont rassemblés devant le tribunal pour les soutenir, ont été violemment dispersés et un cinquième militant de l’UNEM a même été arrêté à son tour ; Il s’agit de Karim Bousaâdan, appartenant au courant des étudiants basistes. Traduits de nouveau devant le tribunal le 23 janvier, les quatre premiers arrêtés ont été placés en détention provisoire à la prison Al-Aouad en compagnie de Karim Bousaâdan avant d’être présentés de nouveau le lendemain devant le tribunal. Leur procès a finalement été reporté au 4 février 2014. Il faut dire que trois parmi eux, Abderrahim Taouil, Ismail El-Ahmar et Abderrazak Jakko, avaient déjà purgé en 2012 une peine de 7 mois environ et que leur procès en appel coïncide étrangement avec leur nouveau procès, le 4 février.
Groupe UNEM-Meknès : Arrêtés depuis le 17 décembre 2012 et placés en prison de Toulal 2 à Meknès, les cinq militants de l’UNEM (Hassan Koukou, Mounir Ait Khafou, Hassan Ahamouch, Soufiane Sghéri et Mohamed Eloualki) n’ont pas fini de voir leur procès reporter. Lundi 27 janvier, le tribunal a encore une fois décidé de le reporter au 17 mars prochain.
Groupe Enseignants-Rabat : Cela fait plus de 65 jours que les coordinations nationales des enseignants, exclus de la promotion, mènent un mouvement de protestation pacifique devant le ministère de l’Education nationale. Le mercredi 22 janvier, et pour la deuxième fois, les forces de l’ordre ont chargé violemment les manifestants faisant une trentaine de blessés. Neuf enseignants ont été arrêtés et placés en détention provisoire en attendant leur procès. Il s’agit de Abdelouahab Shimi, Zouhir Laâmim, Hassan Ait El-Yaïch, Youssef Zourkan, Imad Oulij, Maati Boumediene, Mohamed Najah et Maati Labradaï (nous n’avons pas le nom du neuvième) qui se sont mis de suite en grève de la faim. Les cinq syndicats enseignants ont protesté auprès du Chef du gouvernement et lui ont demandé d’intervenir rapidement pour libérer les 9 enseignants. L’ASDHOM demande à son tour au gouvernement de privilégier la recherche de solutions adéquates et le dialogue à l’approche sécuritaire.
Groupe Zayou-ANDCM : Les sept militants de l’ANDCM de Zayou (voir points précédents), poursuivis en liberté provisoire depuis le 2 mars 2013 ont été convoqués lundi 27 janvier devant le tribunal de 1ère instance de Nador. Leur procès a été reporté au 3 mars 2014. Plusieurs militants de l’ANDCM se sont rassemblés devant le tribunal pour scander leur soutien aux sept militants et pour dénoncer ce procès injuste et réclamer leur relaxe.
Groupe Sahraouis-Laâyoune : L’ancien prisonnier politique sahraoui, Abdeslam Alloumadi, dont on a signalé l’arrestation au point précédent, et dont la garde à vue a été prolongée de 24 h le 23 janvier, a été placé en détention provisoire, le 24 janvier, à la prison locale de Laâyoune par décision du juge d’instruction près la cour d’appel de la même ville. La famille du prévenu ne sait toujours pas quelles sont les charges retenues contre lui.
C’est de toute cette avalanche de procès et de bien d’autres caractéristiques de l’Etat de non droit au Maroc que l’ASDHOM parlera, vendredi 31 janvier, à la rencontre organisée à Paris par la FASTI dans le cadre de ses « regards croisés ».
Le bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 30 janvier 2014 #Twittoma
Chaab.TV, 30/01/2014

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