« Vive l’Allemagne! Vive l’Allemagne! » Ce cri est devenu coutumier dans les rassemblements des contrebandiers et leurs soutiens locaux dans les communautés Touarègues au Nord-Mali depuis quelques années. Plus précisément depuis que Berlin a commencé à payer des rançons fortes à l’industrie des preneus d’otages dans un premier temps puis à des groupes armés. A commencer par celle, mirobolante, payée en 2003 en échange de la libération de touristes Allemands enlevés au Sud de l’Algérie et emmenés au Mali.
Pendant des années, l’Allemagne a été le premier partenaire étranger du Mali. Officiellement et officieusement. Les renseignements Allemands, sous-traitant pour les américains, ont concurrencé les français dans le moindre mètre carré d’un immense territoire désertique compris entre Menaka, Tombouctou, Tessalit, Kidal et Gao.
En d’autres termes, l’Allemagne a dépensé beaucoup d’argent pour laisser le champ libre à la France dans cette région du monde. Et quoi de mieux de proposer ses bons offices dans le cadre de la coopération franco-allamande.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung rapportait samedi que la brigade franco-allemande notamment pourrait intervenir au Mali – par exemple si des troupes françaises étaient redéployées vers la Centrafrique.
Bien plus, le ministre Allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, estime que l’Europe « ne peut pas laisser la France seule » en Centrafrique, dans un entretien à paraître dimanche dans le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung en précisant que l’Allemagne a décidé ne pas envoyer de troupes de combat au sol. Des soldats allemands participent déjà à la mission de stabilisation de l’ONU au Mali, la Minusma, ainsi qu’à celle de l’UE consacrée à la formation. Une prolongation du mandat de la Bundeswehr, l’armée allemande, doit intervenir à la mi-février.
A Paris, la réaction est contrastée. Si François Hollande jubile, les professionnels du renseignement, eux, sont maussades. « Insupportables, ces Allemands! ».
Mais bon, il faut faire bonne figure au nom de l’Europe. Toutefois personne n’est dupe sur les intérêts de chacun.
Stratégika51, 19/01/2014