Accord de pêche entre le Maroc et l’UE : le Makhzen a-t-il corrompu des députés européens ?

Une déclaration lourde de sens qui laisse entendre que des moyens échappant à tout contrôle ont été employés pour que le Maroc arrive à ses fins malgré l’hostilité d’un grand nombre de parlementaires au pillage des richesses du Sahara Occidental, et l’utilisation de ses eaux territoriales par les pêcheurs marocains. 
Dans une interview accordée au journal marocain Libération, Alem Menouar, ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, tient des propos pour le moins surprenants à propos de l’accord de pêche conclu dernièrement avec l’UE et voté par le Parlement européen. 
L’ambassadeur a confirmé clairement le rôle joué avant le vote par la diplomatie parallèle, en affirmant dans l’entretien que «cet exercice a permis de prendre toute la mesure de l’importance cruciale que revêt à présent la conjugaison des efforts entre les diplomaties officielles et non étatiques dans la défense de nos intérêts vitaux auprès des institutions européennes et particulièrement le Parlement européen». 
Le Maroc a-t-il corrompu les parlementaires européens ? Comment expliquer, sinon, que «des diplomates non étatiques», pour reprendre cette appellation douteuse de l’ambassadeur marocain, puissent influer sur la décision des parlementaires censés prendre part à un débat officiel et se fourvoyer dans des tractations officieuses échappant à toute transparence. L’ambassadeur en parle pourtant le plus normalement du monde et se félicite même de «la contribution d’associations de pêcheurs marocains des provinces du Sud (Sahara Occidental) dont la démarche auprès du Parlement européen et de la Commission européenne a permis d’annihiler les allégations fallacieuses adverses». Une déclaration lourde de sens qui laisse entendre que des moyens échappant à tout contrôle ont été employés pour que le Maroc arrive à ses fins malgré l’hostilité d’un grand nombre de parlementaires au pillage des richesses du Sahara Occidental, et l’utilisation de ses eaux territoriales par les pêcheurs marocains. 
Il est curieux qu’un diplomate rompu à un exercice de retenue et de choix des mots se laisse aller à parler de diplomatie parallèle et à en souligner même «l’importance» auprès des différents organes et instances du Parlement européen.
Meriem Sassi
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