Dans un long entretien accordé au magazine Afrique-Asie, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé que les relations avec le Maroc ont pris un sérieux coup après l’incident de Casablanca. «Nul ne peut ignorer l’ampleur du dommage causé à cette relation par l’agression perpétrée contre le consulat général d’Algérie à Casablanca et par la profanation de l’emblème national algérien un certain 1er novembre, c’est-à-dire le jour qui a vu s’accélérer la marche des peuples maghrébins vers leur libération solidaire de la domination coloniale», a-t-il déploré.
Un incident qui n’a pas été pris par les autorités marocaines à sa juste valeur, puisque l’auteur de cette agression a été jugé – puis relâché – pour violation d’une «propriété privée». L’Algérie avait, faut-il le rappeler, vivement protesté contre cet incident et exigé sa participation dans l’enquête pour déterminer les tenants et les aboutissants de cet acte criminel et attentatoire à la souveraineté nationale. Pour réparer les dégâts, la balle est donc dans le camp marocain. «N’étant pas amateur de la politique du mégaphone, je m’empresse d’assurer que les frères marocains savent parfaitement ce qu’ils pourraient et devraient faire pour que les relations bilatérales connaissent un cours normal», a soutenu Lamamra qui appelle à nouveau le Maroc à concevoir cette relation bilatérale «indépendamment» de la question du Sahara occidental.
Le chef de la diplomatie algérienne souligne dans ce sillage que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation relevant de la responsabilité des Nations unies. Aussi Lamamra invite-t-il les Marocains à éloigner le dossier du Sahara occidental de «la nécessaire relance de l’Union du Maghreb arabe, en fonction de ses mérites propres car, vingt-cinq ans après sa fondation par les dirigeants des cinq Etats membres, l’UMA doit se soumettre au jugement critique de tous les peuples maghrébins, du point de vue de leurs attentes et de leurs ambitions légitimes».
Le ministre des Affaires étrangères rappelle dans ce sillage le tissu de relations particulièrement dense entre l’Algérie et le Maroc, avec des dimensions matérielles et immatérielles indissociables, des référents historiques, des questionnements et des projections qui dépassent la conjoncture. Il estime ainsi que «les relations algéro-marocaines ne sont pas réductibles à la seule question de la fermeture de la frontière terrestre». Lamamra relève que l’Algérie est la principale économie de la région, qu’elle est le pays maghrébin qui partage des frontières avec tous les autres et que c’est aussi celui qui a ratifié le plus de conventions et d’accords de coopération intermaghrébine, soit vingt-neuf sur les trente-huit existants.
Tout en refusant de parler de panne de l’UMA, le ministre des AE reconnaît que dans un environnement dynamique, celui qui n’avance pas recule. Autrement dit, l’UMA fait un bond en arrière à cause de l’attitude belliqueuse du Maroc envers l’Algérie.
Sonia B.
Algérie Patriotique, 30/12/2013
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