France – Algérie : Paroles…

Est-il concevable que le président Bouteflika ait mis à profit l’audience qu’il a accordée au Premier ministre français pour le charger de transmettre ses félicitations et ses remerciements à François Hollande pour son intervention militaire au Mali ? Si de pareils propos ont pu être tenus (à en croire Ayrault, et seulement lui), ils ont pu être ironiques, ou à tout le moins rentrer dans le moule diplomatique en réponse aux propos mielleux mais combien faux tenus par ce même responsables lorsqu’il a abordé la question du Sahara occidental. Que l’on en juge… 
L’Algérie, qui a toujours joué un rôle nodal dans le maintien de la paix et la stabilité dans ce fragile État qu’est le Mali s’était farouchement opposée à toute intervention militaire étrangère dans ce pays. Cette prise de position de principe était d’autant plus justifiée, il faut le dire, que c’est précisément à cause de la France et de sa politique néo-colonialiste menée en Libye que la situation a gravement dégénéré au Mali, au point où des groupes terroristes, alimentés en armes et en munitions à partir des arsenaux de Kadhafi, ont pu défaire et humilier l’armée régulière malienne en tout juste quelques jours. 
Ce n’est pas tout. Si l’on remonte dans le temps, on peut se rappeler sans grand effort que c’est également à cause des pressions et «ordres tacites» donnés par Paris aux deux précédents présidents maliens (Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré) que les mesures prévues dans le fameux accord d’Alger, lequel avait permis dans le milieu des années 90 de mettre un terme à des années de guerre civile, n’avaient jamais été mises à exécution. Les germes de la reprise de ce conflit armé n’ont jamais été éradiqués. Les braises mal-éteintes, qui couvaient sous des cendres encore chaudes –comme l’avaient maintes fois signalé de notables touareg que Bamako faisait mine de ne pas écouter- pouvaient donc déclencher un nouvel incendie à la première occasion venue. Celle-ci est donc advenue à la suite de l’élimination de Kadhafi et du retour vers leur pays d’origine de milliers de touareg bien entraînés et lourdement armés. 
Pour revenir à l’opération Serval elle-même, il faut dire qu’elle n’a permis la libération de la partie septentrionale du Mali que de manière «virtuelle». Les terroristes et les extrémistes de tous bords et de tous poils n’ont pas été éliminés. Ils n’ont pas été affaiblis non plus. C’est à peine s’ils ont été éparpillés dans la nature, ce qui rend autrement plus difficile, carrément problématique, la lutte contre eux en vue de leur éradication. 
La situation actuelle, qui a également mis dans le même bain terroristes notoires, touareg désabusés et islamistes égarés a également rendu quasi impossible toute solution politique concertée qui aurait pu isoler les groupuscules radicaux afin de permettre leur élimination. À peu près une année après l’opération Serval, alors que la France vient de déployer de nouveaux soldats en RDC (République démocratique du Congo), le résultat est pour le moins mitigé, pour ne pas dire carrément catastrophique, étant entendu que la situation n’a jamais été aussi explosive. 
Aujourd’hui, plus personne ne peut dire qui est qui, ni qui fait quoi. Même les éléments «modérés», qui combattaient jadis l’hydre terroriste ont été forcés de se réfugier dans la clandestinité et de contracter des alliances quelque peu douteuses. 
La France, quant à elle, a tout récemment payé une autre forte rançon à ces mêmes terroristes qu’elle prétend combattre, ce qui représente une façon directe de financement du terrorisme. De sérieux dangers rôdent aujourd’hui à nos frontières sud et est alors que la drogue marocaine continue de circuler librement au Maghreb et au Sahel, finançant au passage les contrebandiers, les terroristes et les grands bandits. Tout cela, on le doit (en partie) à la France. Celle de Sarkozy d’abord, puis celle de Hollande ensuite…
M. A.

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