Un devoir sacré, un droit occulté

La 4e conférence internationale, coorganisée par le CNAPSPS (Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui) et l’ambassade sahraouie, se veut un moment privilégié de rassemblement et de débat sur « le droit des peuples à la résistance » pour traduire « une bonne visibilité » et une « bonne lisibilité » des enjeux et des manœuvres visant à perpétuer l’ordre colonial.
Le cas sahraoui est symptomatique de la résistance légendaire du peuple sahraoui, par la voie pacifique ou par les armes, qui se traduit par une mobilisation dans les camps des réfugiés et dans les territoires occupés et l’avènement d’un Etat national démocratique internationalement consacré. C’est cette réalité intangible que les trois séances plénières ont abordée, hier et aujourd’hui, à l’hôtel El Aurassi, pour examiner les différentes facettes de la question sahraouie, inhérente au droit à la résistance, à l’autodétermination, à la spoliation des richesses nationales, la situation humanitaire des réfugiés et la position de l’UE. 
Le procès de la colonisation marocaine, générant les pires formes d’injustice (torture, jugements iniques des détenus civils par des tribunaux militaires, exécutions extrajudiciaires révélées par la découverte des charniers d’El Ayoune, arrestations arbitraires et disparitions forcées), participation de l’éveil de conscience que le mouvement de solidarité international et le regard objectif des Organisations gouvernementales et non-gouvernementales tendent à exprimer. 
Dans cette « tribune de dénonciation » des violations systématiques et massives des droits de l’Homme, les témoignages des militants sahraouis des territoires occupés et des observateurs étrangers brisent le huis clos médiatique instauré par le Maroc et ses alliés européens. « La résistance des peuples contre le colonialisme, l’occupation et l’oppression a été et restera un droit légitime et un devoir sacré », a affirmé, dans son discours d’ouverture, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Fort opportunément, il a précisé que « l’Onu a reconnu le droit du peuple sahraoui à se défendre et à résister aux occupants colonisateurs, y compris l’usage de la lutte armée, jusqu’à ce qu’il jouisse de l’autodétermination et de l’indépendance ». Il se déclare « surpris » par la caution européenne apportée à un Etat qui viole les droits de l’Homme et occupe militairement et illégalement un pays en instance de décolonisation. 
Cette forme de complicité participe, aux yeux du président sahraoui, au vol et au pillage des richesses d’un pays sans défense. « Nous appelons les parlementaires européens, les représentants despeuples européens, à réexaminer une décision injuste (l’accord de pêche, Ndlr), qui viole le droit international et qui frappe de plein fouet les idéaux, les principes et les valeurs qui sont les fondements mêmes de l’Union européenne ». A cet effet, l’Etat espagnol, qui « reste légalement redevable au peuple sahraoui », est appelé à jouer « un rôle constructif ». Cet appel sera-t-il entendu ?
Larbi Chaabouni

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