Peut-on avoir une idée sur la nature de la contribution que vous apportez pour faire connaître la question des prisonniers et des disparus sahraouis, qui n’est pas assez connue à l’échelle mondiale ?
L’association se bat depuis sa création, le 20 août 1989, pour amener les autorités marocaines à dévoiler le sort de plus de 500 disparus sahraouis, libérer tous les prisonniers politiques sahraouis et mettre fin à toutes les flagrantes et récurrentes violations des droits de l’homme contre notre population civile. En dépit de nos efforts, nous n’avons pas encore atteint nos objectifs puisque les autorités marocaines ne collaborent pas honnêtement. Elles continuent même à piétiner les droits de l’homme. Pour preuve, plus de 1.200 cas de violation ont été enregistrés par notre association au cours de cette année. Les prisonniers politiques, actuellement 95 dont 5 mineurs, se trouvent dans une situation dramatique du fait des mauvais traitements et tortures auxquels ils sont soumis. Notre contribution pourrait se résumer dans les termes suivants : qu’il n’y a pas de paix possible et de sécurité véritable en Afrique tant que la situation coloniale persiste au Sahara Occidental et tant que les droits de l’homme y soient constamment bafoués.
Malgré les rapports des ONG internationales, la découverte au début de l’année des deux fosses communes, le Maroc continue ses crimes. Que faut-il faire, selon vous ?
En effet, les droits de l’homme sont constamment bafoués par les forces d’occupation. Ces faits d’une extrême gravité sont bien documentés et condamnés par l’ONU, l’UA et les organisations des droits de l’Homme (la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, Amnesty International, le Centre Robert F. Kennedy, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, le récent rapport du rapporteur spécial Charles Tannock du Parlement européen pour le Sahel, Human Rights Watch, le rapport du Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme de 2006, le Département d’État…). En plus, les récentes découvertes de fosses communes et l’identification de huit victimes, dont deux enfants exécutés par des éléments de l’armée marocaine, le 12 juin 1976, et l’exhumation d’autres fosses communes, dont les restes humains sont en cours d’identification, prouvent que les forces marocaines sont responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. C’est pourquoi nous saisissons toute occasion pour interpeller les dirigeants africains, européens et de l’ONU. Nous attendons d’eux qu’ils portent une attention particulière à la dernière colonie en Afrique. Il est impératif que le territoire soit ouvert aux observateurs internationaux, y compris à la commission africaine des droits de l’homme et des peuples et que la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental soit dotée de compétences en matière de supervision des droits de l’homme. Toutes les missions de paix au monde comportent une telle composante, le Sahara Occidental ne devrait pas être l’exception.
S. B.
Horizons, 13/12/2013