Levée de boucliers contre les parlementaires européens

L’ONG internationale Western Sahara Resource Watch (WSRW) a dénoncé l’adoption par le Parlement européen d’un accord de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc, relevant que l’UE bafoue les droits de l’homme le jour même de la célébration du 65e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Parlement européen a décidé de confirmer l’accord de pêche UE-Maroc, «ouvrant la pêche dans les eaux du Sahara occidental, un territoire dont une grande partie est occupée par le Maroc depuis 1975», a affirmé cette ONG qui considère que c’est «une triste journée internationale» pour la paix et les droits de l’homme. En effet, a-t-elle constaté, cet accord a été signé non seulement le jour de célébration de la Journée internationale des droits de l’homme mais aussi à la date du premier anniversaire du prix Nobel de la paix de l’UE. 
’’La décision prise mardi par le Parlement européen est contre le peuple du Sahara occidental’’, a déploré Erik Hagen, président du WSRW. À ce propos, il a soutenu que les Sahraouis ont, en vertu du droit international, ’’le droit d’être entendus sur les activités économiques pratiquées dans leur pays sous occupation alors que l’UE a négligé, aujourd’hui, ces droits’’. Pour Hagen, toute la rhétorique de l’UE sur la Journée des droits de l’homme se révèle aujourd’hui ’’superficielle’’. 
Tout en rappelant les multiples résolutions de l’ONU appelant au respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, WSRW a relevé, d’autre part, la déception des Sahraouis de la constance de l’UE dans le choix du Maroc comme partenaire commercial dans leur pays tout en fermant les yeux sur les ’’flagrantes et systématiques violations des droits de l’homme’’ que le Maroc perpétue dans le territoire sahraoui. En plus de violer le droit international et de ne pas respecter le droit fondamental des peuples à l’autodétermination, l’accord de pêche est également ’’une mauvaise affaire’’ pour les stocks de poissons de la région étant donné qu’un rapport de Greenpeace a exhorté l’UE à ne pas l’approuver pour des préoccupations environnementales, a encore signalé l’ONG. Formée d’organisations et de militants de plus de 30 pays, WSRW vise à préserver les ressources naturelles au Sahara occidental occupé et à affirmer la souveraineté du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles comme corollaire de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. 
De son coté la Plateforme de solidarité avec le peuple du Sahara occidental a dénoncé la décision du Parlement européen d’approuver l’accord de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc, l’assimilant à un « véritable déni de justice » vis-à-vis de la population sahraouie et le considérant comme « illégal au regard du droit international ». »Il a fallu que ce soit le 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme, que le Parlement européen approuve, par 310 voix contre 204 et 49 abstentions, l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc, bien qu’il inclue les eaux territoriales du Sahara occidental, un véritable déni de justice vis-à-vis de la population sahraouie », s’alarme la Plateforme . « Après la Commission européenne qui a signé en juillet 2013 avec le Maroc un accord illégal, le Parlement européen choisit de bafouer le droit international, puisque le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, ni sur ses richesses qu’elles soient minérales ou halieutiques », comme l’a souligné l’avis d’octobre 1975 de la Cour internationale de justice de La Haye, note la Plateforme. Elle observe alors qu’ »il est clair que certains parlementaires ont oublié leurs belles déclarations sur les droits de l’homme et préféré défendre certains intérêts économiques, commerciaux et financiers ». « Ils ont ainsi encouragé le Maroc à poursuivre les violations du droit international et des droits de l’homme dans un territoire qui est actuellement sous la tutelle des Nations unies en attente de sa décolonisation », poursuit-t-elle. « Ce vote doit nous alerter et nous amener à renforcer encore la mobilisation auprès des gouvernements, des autorités européennes et des instances internationales pour que le peuple sahraoui puisse, enfin, décider librement de son avenir par un référendum d’autodétermination », écrit la Plateforme. Elle rappelle que le 22 octobre, pourtant, la majorité du Parlement européen a voté une résolution dénonçant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et demandant la libération des prisonniers politiques sahraouis. « Quelques semaines plus tard, cette majorité s’est effritée sous la pression conjointe de la Commission européenne, du pouvoir marocain et de certains gouvernements, notamment du gouvernement espagnol », déplore-t-elle encore. La Plateforme affirme dans ce contexte que « dans cette bataille pour le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, nous ne lâcherons rien ».
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 12/12/2013

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