Sur le Sahara occidental, Paris est contre le droit à l’autodétermination des Sahraouis parce qu’en cas de vote défavorable au régime marocain, ce dernier, qui a bâti toute sa légitimité sur cette question, s’effondrera. Voilà pourquoi il soutient le projet d’autonomie du Sahara occidental.
Hassane ZERROUKY
Pour Said Soughti, dirigeant de la Voie démocratique, le chef de l’État français se rend au Maroc pour défendre des intérêts mercantiles et non les droits de l’homme.
Est-ce que le Maroc « va dans le bon sens », comme l’affirme la France ?
Said Soughti : Pas pour le peuple marocain en tout cas. Le chômage a augmenté, les prix flambent, les retraites sont menacées. Le gouvernement envisage de supprimer la caisse de compensation qui permet de subventionner les produits de première nécessité. Sur le logement, c’est la catastrophe. En fait, le gouvernement applique à la lettre les directives du FMI, dont une délégation était en visite au Maroc.
Qu’en est-il de ces menaces sur le droit de grève et la répression en cours ?
Said Soughti : Si le dialogue social est inexistant, par contre, il existe un projet de remise en cause du droit de grève, afin de museler la contestation sociale, et faire passer aussi son projet de flexibilité du travail et de remise en cause de la retraite. Et ce en plus de la répression qui frappe les syndicalistes.
François Hollande compte justement aborder avec le roi Mohammed VI la question des droits de l’homme…
Said Soughti : Il ne faut pas être dupe : Hollande ne va pas au Maroc défendre les valeurs universelles de démocratie et de liberté, mais celles de la France-Afrique. Qu’il tienne ses engagements sur le droit de vote des étrangers en France, la lutte contre le racisme, qu’il facilite l’octroi des visas au plus grand nombre et qu’il prenne fermement position contre la répression et exige la libération de tous les prisonniers politiques au Maroc !
Il sera également question de la Syrie et du Mali ?
Said Soughti : Sur la Syrie, c’est aux Syriens de forger sans ingérence leur propre démocratie. Ce n’est pas à la France, ni au Qatar, ni à l’Arabie saoudite, deux pays antidémocratiques, à dicter ce qui est bon pour les Syriens. Quant au Maroc, c’est connu : c’est un serviteur loyal de l’Occident capitaliste. L’armée marocaine est une armée aux ordres qui a eu à intervenir en Afrique chaque fois que la France le lui a demandé. Sur le Sahara occidental, Paris est contre le droit à l’autodétermination des Sahraouis parce qu’en cas de vote défavorable au régime marocain, ce dernier, qui a bâti toute sa légitimité sur cette question, s’effondrera. Voilà pourquoi il soutient le projet d’autonomie du Sahara occidental.
Entretien réalisé par Hassane Zerrouky