L’hebdomadaire marocain Challenge hebdo ainsi que son prédécesseur La Gazette du Maroc, fondés et dirigés tous les deux par Kamal Lahlou, ont reçu de l’argent de la dictature tunisienne de Zine El Abidine Ben Alipour publier des articles laudateurs sur ce régime. C’est ce qui ressort d’un ouvrage intitulé « Le Livre noir. Le système de propagande sous Ben Ali, » publié cette semaine par les services de la présidence tunisienne.
Dans cet ouvrage de 354 pages, la Tunisie officielle post-révolutionnaire énumère en détail les noms des personnes (journalistes, universitaires, écrivains, avocats, politiciens, prétendus « opposants » et membres de la « société civile, etc.), ainsi que ceux des organismes et des médias, tunisiens et étrangers, qui ont collaboré avec les services de Ben Ali pour donner une image bienveillante de la dictature. En clair, ceux qui ont touché de l’argent pour tresser les lauriers à Ben Ali.
Le livre base ses révélations, et elles sont nombreuses, sur les archives de la défunte Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), qui s’occupait de l’image du pays à l’intérieur comme à l’extérieur, et qui travaillait directement avec Ben Ali.
Les noms des médias et des journalistes « amis », responsables ou simples journalistes, sont publiés à côté des sommes qui leur étaient alloués. Cela va de quelques malheureux dinars versés à un journaleux au million de dollars généreusement donné à la chaîne à capitaux saoudiens Al Arabiya, par exemple. Avec quelques surprises : Même Al Manar (100 000 dollars), la très militante chaîne du Hezbollah libanais, se laissait corrompre par l’ATCE pour entreprendre sûrement une « Résistance nationale » contre les démocrates tunisiens. Les prébendes et les faveurs sont également et minutieusement signalées.
Dans les documents publiés, on trouve beaucoup de Français (nous y reviendrons prochainement!), d’Egyptiens et de Libanais, mais très peu de maghrébins, si on exclut bien entendu les journalistes tunisiens.
Pour le Maroc, seules les publications de Kamal Lahlou, La Gazette du Marocpuis Challenge hebdo, sont signalées comme « amies » de la dictature. On trouve ainsi les sommes qui leur ont été versées et les noms des interlocuteurs : Kamal Lahlou et un certain Adil Lahlou, dont on suppose qu’il s’agit du fils du premier. Ainsi qu’un vieux collaborateur de ces deux hebdomadaires, le Libanais Samir Sobh, rédacteur en chef d’Arabies, un mensuel qui a également et largement bénéficié des largesses tunisiennes.
La présidence tunisienne donne comme exemple de cette collaboration marocaine, un article non signé publié par La Gazette du Maroc en 2007 et intitulé « Tunisie : terrorisme et opportunisme ». Dans cet article assez offensif, La Gazette du Marocaccuse des opposants tunisiens nommément cités, la journaliste Sihem Bensedrine, l’avocate Radhia Nasraoui et le professeur de médecine et actuel président de la république tunisienne Moncef Marzouki de « flirter avec les terroristes ».
Un article qui a été traduit, sur ordre de Ben Ali, et publié dans la presse tunisienne et sur le net, mais avec interdiction de citer la source.
En 2009, l’ATCE convenait avec Adil Lahlou, au nom de Challenge hebdo, la publication de 37 articles « fournis » par les Tunisiens et ayant trait à des sujets économiques. Prix de cette amicale collaboration : 50 000 dinarstunisiens. Quelque 25 000 euros, ou 270 000 dirhams marocains. LeLivre noir signale que l’heureux bénéficiaire de cette manne, Challenge hebdo, est le seul média marocains qui collabore avec l’ATCE.
Cette même somme sera versée à Challenge hebdo en 2010. Pour le même labeur. Dans la liste des bénéficiaires des largesses tunisiennes, on constate que l’hebdomadaire marocain est l’un des rares partenaires de la dictature tunisienne à être rémunéré en dinars tunisiens. Le reste des « amis » étrangers est payé en euros ou en dollars. Une atroce discrimination.
Dans une autre rubrique, l’ATCE signale Samir Sobh, Kamal Lahlou, « patron du groupe de la Gazette du Maroc » et Adil Lahlou, « directeur de Challenge hebdo » comme des acteurs qui ont participé activement à l’élection présidentielle de 2009 qui a été emportée, bien entendu, haut la main par Ben Ali. Le « Livre noir » reproduit en français, une mention de la défunte ATCE concernant La Gazette du Maroc et Challenge hebdo : « Ont toujours adopté une attitude positive à l’égard de la Tunisie ».
C’est tout naturel, l’amitié n’a pas de « prix.
Et ce n’est pas tout. Selon une source contactée par Demain, pour des raisons qui les concernent, les officiels tunisiens n’ont pas tout dit. Ces listes seraient partielles. D’autres devraient voir le jour très bientôt. Et là, nous dit-on, il y aura quelques surprises concernant le Maroc.
Ya Salam !
Badr Soundouss
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