Le conflit du Sahara occidental « est antérieur à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989, les dirigeants maghrébins de l’époque ayant jugé que ce conflit ne constituait pas une entrave à la construction maghrébine ».
LONDRES – L’amélioration des relations entre l’Algérie et le Maroc est « tributaire d’un climat positif » et l’agression contre le consulat algérien à Casablanca « ne contribue malheureusement pas à créer un tel climat », a affirmé, mercredi à Londres, l’ambassadeur d’Algérie au Royaume-Uni, Amar Abba.
M. Abba intervenait dans le cadre d’une table-ronde sur « les relations entre le Maghreb et l’UE : défis et perspectives » organisée par le « Global Diplomatic Forum », qui a consacré une partie du débat aux relations algéro-marocaines.
Le diplomate algérien a réfuté le caractère bilatéral du conflit du Sahara occidental, rappelant que le Maroc et le Front Polisario « ont, depuis longtemps, été clairement identifiés par le Conseil de Sécurité des Nations unies comme les deux parties au conflit ».
Il a également rappelé que le conflit du Sahara occidental « est antérieur à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989, les dirigeants maghrébins de l’époque ayant jugé que ce conflit ne constituait pas une entrave à la construction maghrébine ».
Sur la question des frontières (algéro-marocaines), M. Abba a considéré que leur fermeture n’était pas un « fait normal » et qu’il fallait « assainir les contentieux bilatéraux en vue de leur réouverture », insistant sur l’importance pour les relations bilatérales d’évoluer dans un climat « positif » et « serein ».
Il a, à cet égard, rappelé que l’Algérie avait proposé une méthode de travail sur la question, prévoyant notamment l’échange de visites ministérielles.
Sur les relations Maghreb-Union européenne (UE) et le potentiel d’intégration maghrébine, M. Abba a fait un tour d’horizon des différents programmes mis en place pour promouvoir la coopération entre les deux rives de la Méditerranée, rappelant le partenariat euro-méditerranéen lancé à Barcelone en 1995 ainsi que l’Union pour la Méditerranée (UpM), « plus centrée sur des projets structurants ».
De même qu’il a mentionné les accords d’association avec la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ainsi que la Politique Européenne de Voisinage. La table-ronde a regroupé les ambassadeurs d’Algérie, de Tunisie, de Libye et le secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères ainsi que les députés conservateur Richard Ottaway et travailliste Ian Lucas.
Le forum a également sollicité le concours de Susi Dennison, de l’European Council on Foreign Relations et du Dr Michael Willis, spécialisé dans les questions de la région à l’Université d’Oxford.
Les participants maghrébins ont, à cette occasion, mis en exergue le potentiel « considérable » que recèle l’intégration maghrébine au bénéfice des peuples de la région et les nombreux facteurs historiques, géographiques, économiques, culturels, constituant autant d’atouts pour le succès de cette intégration.
La table ronde, ouverte aux questions des représentants d’ambassades européennes, de la presse, des centres de recherches et des think tanks, s’est également penchée sur la « fragilité » de la transition en Tunisie et en Libye, après la chute des régimes de Ben Ali et de Gueddafi.
L’ambassadeur de Tunisie a présenté la feuille de route des dirigeants tunisiens prévoyant la constitution d’un gouvernement de technocrates, l’adoption de la Constitution et l’organisation d’élections.
De son côté, l’ambassadeur de Libye a tenu le régime de Gueddafi pour responsable du chaos régnant dans son pays, rappelant, en outre, les manifestations « massives » de la population libyenne contre les milices, soulignant la nécessité de donner du temps à la Libye « pour construire des institutions fortes ».
Pour leur part, les deux députés britanniques ont souligné l’ »importance » pour leur pays mais aussi pour l’UE d’approfondir les liens avec le Maghreb et de renforcer la coopération avec les pays de la région, notamment en matière de sécurité.
M. Ian Lucas, qui a plaidé en faveur d’une plus grande implication du Royaume-Uni au Maghreb, a tenu à mettre en valeur « la soif » des Algériens pour la langue et la culture anglaises et le potentiel de développement des universités britanniques au Maghreb.
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