Le trafic de drogue au Maroc ne tient plus du crime, mais de l'activité économique souterraine.

Les barons de la drogue ont pactisé avec les terroristes : Le Maghreb sur une poudrière
La traque des contrebandiers, jadis un travail presque anodin, prend, avec la collusion entre terrorisme et contrebande, une importance stratégique. Au vu de l’évolution de la situation sécuritaire, tant au plan terroriste que celle en rapport avec le trafic de drogue, il y a lieu de constater que la donne régionale dans le Maghreb et plus généralement dans tout le Sahel, amène à penser que l’instabilité s’installe dans la durée et pourrait même devenir structurelle, pourrait-on dire. 
L’activité  » débordante  » des réseaux de trafics de drogues du Maroc vers tous les pays de la région constitue, à ce propos, un élément d’appréciation que les observateurs de la scène régionale ont tendance à prendre très au sérieux. Ces derniers constatent en effet, un très dynamique déploiement du crime, sans qu’aucune mesure ne soit entreprise au point d’origine qui est le Maroc pour stopper le développement du monstre. L’aspect  » structurel  » de la menace vient justement de cette impunité plus qu’évidente qui fait dire à tous les spécialistes du crime organisé, que le trafic de drogue au Maroc ne tient plus du crime, mais de l’activité économique sous-terraine. 
Il est clair qu’un trafiquant richissime constitue un danger pour l’ordre public. Mais au Maroc où, justement l’ordre public est bien maintenu, il est autorisé de penser que ce sont les criminels qui donnent les ordres. Cette option que désormais personne n’écarte parmi les experts, rend la lutte contre le fléau extrêmement difficile, au sens où les barons de la drogue disposent d’une base arrière aussi vaste qu’un pays. Dont les autorités semblent avoir fait un deal : la paix civile contre l’impunité, voir la tolérance d’une collusion avec les terroristes du Sahel. 
Cela pour dire que la récente recrudescence ouvre la voie à une multitude de lectures, mais la plus plausible serait que la jonction terroristes- contrebandiers, option que redoutaient les services de sécurité s’est bel et bien établie. En effet, l’on retient dans le paysage sécuritaire de la région, une tendance à la gestion des affaires terroristes et criminelles dans le sens d’une  » complémentarité  » qui sautent aux yeux de certains observateurs. D’ailleurs, les différentes caches d’armes découvertes par l’ANP à l’extrême sud du pays, démontrent un surarmement des groupes terroristes, mais pose aussi des questions sur les activités réelles de ces derniers. 
Il est entendu que l’activisme d’El Qaïda au Maghreb n’est pas mu par des considérations purement religieuses. Il est d’ailleurs, très improbable que l’organisation criminelle ait bénéficié d’un soutien logistique direct d’El Qaïda. Les deux entités sont géographiquement très éloignées et le GSPC ne dispose pas, pour des raisons évidentes en rapport avec l’action des services de sécurité, de réseau de collecte sophistiqué. Il reste les réseaux de contrebandiers qui fleurissent tant aux frontières sud qu’à l’est et à l’ouest du pays. 
La collusion entre les contrebandiers et les terroristes s’est faite, disent les spécialistes, un peu à l’image de ce qui s’est produit en Colombie où les FARC et les trafiquants de drogue ont fait cause commune, les premiers protégeant les seconds, contre une rétribution conséquente. Le schéma est bien entendu différent en Algérie, puisque AQMI ne contrôle aucune partie du territoire national, mais il peut, assez aisément, repérer les traces des contrebandiers et les intercepter dans des régions reculées du pays. 
Les spécialistes de la lutte antiterroriste pensent qu’après avoir été lâchée à l’intérieur, l’organisation criminelle a approché les contrebandiers et conclu un deal avec eux. Une sorte de droit de passage est prélevé, les contrebandiers ne paient pas en liquide, mais en matériel, dont des armes de guerre. La lutte contre le terrorisme évolue donc vers un maximum de professionnalisme dans l’action. De plus, la traque des contrebandiers, jadis un travail presque anodin, prend, avec la collusion entre terrorisme et contrebande, une importance stratégique. 
La décision d’équiper les zones frontières sud du pays en appareils sophistiqués de détection de mouvements, participe de cette nouvelle démarche qui veut que la lutte contre la contrebande soit un moyen d’assécher les ressources des groupes armés. Mais les spécialistes savent pertinemment que la guerre contre le terrorisme sera longue et fastidieuse, car mettre un terme à un réseau de contrebande est autrement plus difficile que de faire tomber un groupe de soutien au terrorisme  » classique « .

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*