« La question du Sahara occidental n’est pas sans conséquence sur le souhait européen de favoriser l’unification économique du Maghreb », a affirmé le rapport de la commission des affaires européennes au Sénat français sur la politique méditerranéenne de l’Union européenne après le Printemps arabe.
Si les événements du Printemps Arabe n’ont « pour l’heure aucune conséquence sur le Statut avancé dont bénéficie le Maroc, « l’Union européenne doit néanmoins prendre en compte deux paramètres : les difficultés économiques et sociales qui peuvent impacter les échanges autour de l’ALECA d’une part, et la question du Sahara occidental qui n’est pas sans conséquence sur le souhait européen de favoriser l’unification économique du Maghreb, d’autre part », ajoute le rapport.
Selon cette même source, « la question du Sahara occidental source de conflit avec l’Algérie ne doit pas non plus être négligée. Elle semble d’ailleurs être notamment devenue une des variables d’ajustement de la politique américaine dans la région, les États-Unis étant ces derniers mois enclins à un rapprochement avec l’Alger en vue de mieux combattre Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) mais aussi réduire sa facture énergétique. L’adoption aux Nations unies, le 25 avril 2013, de la résolution 2099 renouvelant le mandat de la mission des Nations unies sur place (MINURSO) devrait néanmoins écarter toute crispation à l’avenir. Les termes de la résolution écartent l’extension des prérogatives de la MINURSO, envisagée par les États-Unis. Washington souhaitait que l’opération de maintien de la paix se mue en une mission de supervision des droits de l’Homme. Un tel scenario était contraire au mandat initial de la MINURSO, tel qu’établi en 1991, à savoir la surveillance du cessez-le-feu, l’identification des électeurs habilités à voter et l’organisation d’un référendum ».
Le rapport signale que « cette question continue néanmoins de peser sur le partenariat avec l’Union européenne. Le Parlement européen émet régulièrement des réserves sur la situation des droits de l’Homme dans cette région, comme en témoigne un rapport publié le 30 septembre dernier, mais aussi sur l’exploitation des ressources naturelles de ce territoire. Le rejet de la prorogation de l’accord sur la pêche fin 2011 était notamment motivé par le fait que la population sahraouie ne bénéficiait pas des retombées financières du premier accord ».
Après avoir rappelé que « ce problème fragilise directement l’Union du Maghreb arabe », les sénateurs français soulignent que « si l’Union européenne entend agir en faveur d’un Maghreb unifié au moins économiquement, elle ne pourra ignorer cette question. Il en va aussi, pour elle, de la possibilité via la zone maghrébine de pénétrer sur les marchés africains. La question sahraouie a conduit le Maroc à se retirer de l’Organisation de l’Union africaine en 1984, suite à l’admission en son sein de la RASD. Ce retrait n’a pas été sans conséquence économique. En dépit des effets d’annonce sur la porte d’entrée vers les marchés africains que pourrait représenter le Maroc, les exportations vers l’Afrique ne représentaient que 2 % du PIB marocain en 2012 ».