Cynisme marocain

La réputation des agents du Makhzen de pratiquer systématiquement la torture sur les détenus sahraouis aurait suffi à disqualifier le Maroc dans sa compétition avec l’Algérie pour obtenir ce siège.
Par Kamel Moulfi
Maroc. – Libérer un pédophile condamné à trente ans de prison, après seulement deux ans passés derrière les barreaux, et emprisonner un journaliste pour avoir rempli sa mission d’informer, seul le Maroc pouvait être capable de cet «exploit» et ensuite prétendre siéger au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. 
La réputation des agents du Makhzen de pratiquer systématiquement la torture sur les détenus sahraouis aurait suffi à disqualifier le Maroc dans sa compétition avec l’Algérie pour obtenir ce siège. Notre voisin de l’ouest fait peu de cas des droits humains et il n’est pas en mesure de changer d’attitude. Au contraire. 
La situation dégradée de l’économie marocaine, attestée par un rapport du FMI, conduit le Maroc à prendre des mesures dont les conséquences directes n’ont rien de conformes aux droits de l’Homme. Rappelons le marché qu’il a passé avec l’Arabie Saoudite pour l’exportation d’une main d’œuvre féminine destinée à faire le ménage chez les dignitaires saoudiens, un pays connu pour le traitement humiliant réservé aux femmes. Les Marocaines, recrutées comme domestiques par de pseudo-agences saoudiennes spécialisées, seront considérées en Arabie Saoudite comme des sous-êtres. 
Le Maroc, pays se prêtant à une transaction qui destine une partie de ses propres ressortissants à une vie inhumaine, peut-il être membre d’une instance internationale chargée de contribuer à améliorer la situation des droits de l’Homme dans le monde ? Assurément pas. Autre fait incompatible avec la philosophie des droits de l’Homme : le trafic de drogue dans le monde prend sa source, dans une grande proportion – pour 72%, précisément –, dans le royaume chérifien et on envisage sérieusement, au Makhzen, de légaliser le cannabis pour en faire un produit d’exportation et remédier à la baisse catastrophique des recettes extérieures. Avec un dossier aussi lourd, le régime despotique et inégalitaire marocain peut-il encore ambitionner avoir sa place dans une instance qui réprouve sa conduite arbitraire et immorale ?

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