D’Escobar à Mohamed VI

Le Maroc utilise cette drogue comme « moyen de chantage » pour tenter d’imposer ses visions dans la question du Sahara occidental : un atout politique par excellence.

Massinissa Boudaoud
Cinquante ans après la signature de la Convention de l’ONU sur les drogues et quarante ans après que le président Nixon eut lancé la guerre antidrogue du gouvernement nord-américain, le monde atteste impuissamment à son propre échec. C’est un organisme international qui vient d’annoncer cette débâcle interplanétaire face une prolifération des psychotropes sur toutes ses formes connues et méconnues. 
Et comment attendre un autre résultat que celui que vient d’établir les experts de la lutte contre la prolifération de la drogue quand des États, comme le Maroc, s’impliquent dans la production et font de cette « saloperie » un marché juteux. Actuellement, selon ce même document, les fournisseurs développent une politique commerciale agressive multipliant les offres quantitatives : héroïne, cocaïne et cannabis sans se soucier du prix. 
Quant à la qualité, c’est une autre paire de manches : variée, produits de synthèse, amphétamines et dérivés… Tout se fait dans un silence médiatique impressionnant, minimisant ou ridiculisant les opposants, présentés comme ringards, idéologues ou tout simplement moralistes… Si dans la Colombie d’Escobar la culture de l’héroïne s’est ancrée dans la culture sociétale des paysans démunis et marginalisés par l’État, le royaume alaouite continue de verser son fuel sur l’Algérie. Tout compte fait, il n’y a pas que le discours belliciste et haineux marocain contre l’Algérie qui est pernicieux, les drogues, douce et dure, pénètrent facilement dans le territoire pour finir entre les mains des jeunes, des ados, voire même des écoliers. 
Le Maroc utilise cette drogue comme « moyen de chantage » pour tenter d’imposer ses visions dans la question du Sahara occidental : un atout politique par excellence. En étant permissif devant les agissements des réseaux de trafic de drogue, il exerce aussi un chantage sur Alger, pour la contraindre à changer de position ou abandonner leur soutien au peuple sahraoui auquel l’Organisation des Nations unies reconnaît le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Le bilan des services de sécurité est effrayant : quotidiennement les décomptes font état de saisies d’importantes quantités. Face à l’ampleur, l’armée algérienne est appelée à la rescousse pour lutter contre ces trafics. La politique de « sois avec moi ou je te drogue » adopté par le Makhzen est une arme qui pourrait se retourner contre son auteur.

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