Un climat glacial s’installe entre Bamako et Nouakchott

ALAKHBAR (Nouakchott)– L’absence du président mauritanien à la cérémonie d’investiture du nouveau président malien reflète la dégradation des relations diplomatiques entre Bamako et Nouakchott, confient des sources concordantes à l’Alakhbar. 
Selon nos sources, les relations diplomatiques entre les deux voisins ont commencé à se dégrader depuis que les autorités de la transition au Mali ont refusé le déploiement de troupes mauritaniennes pour participer à la Munisma sur la frontière entre les deux pays. Cette objection a poussé la Mauritanie de dépêcher son premier ministre mauritanien, et son chef d’Etat major des Armées mauritaniennes pour tenter en vain de convaincre le gouvernement malien à revoir sa position. 
Le Mali estime qu’un déploiement comme le prévoit la Mauritanie serait non seulement une violation de souveraineté, mais une manière de se rapprocher davantage aux Touaregs et Arabes pour mieux les soutenir. Mais le président Ould Abdel Aziz avait justifié sa décision par le souci de sécuriser ses frontières et d’assurer le ravitaillement de ses troupes. 
La récente visite de Ould Abdel Aziz au Sénégal est une autre illustration de son mécontentement contre son voisin malien. Le président mauritanien s’est rendu au Sénégal avec une forte délégation de 9 ministres et des conseillers sans signer de nouveaux accords. Les deux parties n’ont fait que paraphraser les mêmes accords sur le gaz mauritanien, les licences de pêche, la transhumance du bétail mauritanien au Sénégal, le pont de Rosso, etc. En réalité, note notre source, Nouakchott voulait par cette visite manifester sa colère à l’égard de Bamako. 
Il en va de même avec le principal allié de Bamako dans la crise du Nord Mali, à savoir la France. La preuve: le dernier remaniement du gouvernement mauritanien. Il s’agissait bien sûr de nommer des personnalités moins politiques à l’approche des prochaines élections législatives et municipales. Il s’agissait encore de nommer des gens, comme le ministre des Affaires étrangères et le secrétaire général du Gouvernement, qui sont plus favorables à un rapprochement avec les Etats unis qu’avec la France. 
A cela s’ajoute un autre élément de la crise, il s’agit de l’indignation des autorités maliennes du soutien indéfectible de Nouakchott aux mouvements rebelles de l’Azawad (MNLA, MAA, HCUA). Bamako pense que la Mauritanie est devenue, depuis le déclanchement du conflit armée en mars 2012 au nord du Mali, une terre d’accueil pas seulement pour les refugiés maliens, mais aussi pour les leaders politiques et militaires indépendantistes de l’Azawad. Le MNLA, le HCUA et le MAA tiennent très souvent leurs conférences de presse à Mauricenter, un hôtel situé au cœur de la capitale mauritanienne. Et c’est juste à cet hôtel que le MNLA, le HCUA et le MAA ont fumé le calumet de la paix, deux jours après la fête de Alfitr, à travers la signature d’un accord d’unité et de non agression.

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