Sahraouis de nationalité espagnole assassinés en 1976 par l'armée espagnole : L’affaire entre les mains de la justice ibérique

L’équipe de recherche basque qui a localisé et ouvert, le mois de juin dernier, deux fosses communes de huit bédouins sahraouis, dont deux portant la carte d´identité nationale espagnole, a demandé, mardi, au gouvernement de faire la lumière sur cette affaire.
«Ce sont des citoyens espagnols et nous croyons que le gouvernement doit enquêter sur ces faits», a déclaré le médecin légiste, Carlos Martin Baristain. Selon les témoignages recueillis sur place dans la zone de Smara où se trouvent les deux fosses, les huit personnes, dont deux enfants de 14 et 15 ans, ont été froidement assassinées par l´armée marocaine après avoir tenté d´obtenir d´eux des renseignements sur les activités du Front Polisario. 
L´Office des droits de l´Homme du ministère espagnol des Affaires étrangères a demandé à l´anthropologue Francisco Etxeberria qui avait procédé avec son équipe à l´ouverture des deux fosses communes et au médecin Baristain de leur fournir toutes les photos sur cette découverte, ainsi que les pièces d´identité espagnoles trouvées entre les ossements. Le ministère des AE a assuré aux investigateurs basques que tous leurs documents seront transmis aux ministères de la Justice et de l´Intérieur qui ont compétence pour ouvrir une enquête sur cette affaire.
Les membres de l’équipe d’investigation ont informé le MAE de l´existence d´autres fosses communes dans la même région. Des sources du ministère auraient confié à M. Martin que l´Espagne est «favorable à l´inclusion de la Minurso dans le mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole et qu’à ce titre elle contribuerait à faire la lumière sur la question».
L’affaire des fosses communes de Smara sera évoquée la semaine prochaine à Madrid par le groupe de travail de l´ONU sur les disparitions forcées. L´anthropologue Etxeberria avait transmis récemment au secrétaire général de ce groupe toutes les informations qu´il a recueillies durant son investigation du mois de juin. «Nous n’avons pas fait dans la spéculation, nous avons mis sur la table des documents prouvant l´existence de ces fosses communes dans un endroit inhospitalier et isolé du lieu où résident les familles des victimes», a-t-il dit aux journalistes.
Amnesty International (AI) a réagi mercredi à ces révélations qui ont fortement embarrassé le Maroc et a «promis d´entrer en contact avec les familles des victimes». L’organisation humanitaire estime dans un communiqué «combien il est urgent de faire la lumière sur les centaines de disparitions forcées» durant la période d´occupation du Sahara occidental par le Maroc. Elle a demande que «toutes les pièces aux mains de l’équipe d’investigation basque soient préservées et qu’une enquête indépendante, minutieuse et impartiale soit menée sur cette affaire».
Hania A.

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