Au Maroc, le recours à l’escalade et à la fuite en avant comme seules réponses en pareilles occasions est un signe de la volonté du Royaume de faire durer le conflit, mais aussi, de son incapacité à proposer des solutions alternatives, tout en rejetant celles faites.
La sortie du ministre marocain des Affaires étrangères en réponse aux propositions faites par l’Algérie pour aplanir le différend et aller vers la normalisation des relations entre les deux pays indique clairement que celles-ci ont irrité Sa Majesté, et renseigne sur l’état de panique qui s’empare du Royaume à chaque fois qu’une possibilité d’issue est amorcée. Le recours à l’escalade et à la fuite en avant comme seules réponses en pareilles occasions est un signe de la volonté du Royaume de faire durer le conflit, mais aussi, de son incapacité à proposer des solutions alternatives, tout en rejetant celles faites.
Les conditions posées par Medelci ont le mérite de nommer par leurs noms les problèmes qui persistent entre les deux pays et de poser le doigt sur ce qui fait mal. La réponse apportée par le sujet de Sa Majesté tente beaucoup plus à diluer le problème et d’entretenir le flou, plus qu’elle n’apporte de propositions de solutions. Ce qui est encore plus extraordinaire dans cette démarche adoptée par le Royaume marocain est qu’elle ne cesse de se retourner contre lui. Stoïquement, il en subi les retombées et s’enfonce davantage dans sa logique sans issue. C’est en plein cœur de la tragédie algérienne que le Royaume, va-t-en-guerre, avait pointé d’un doigt accusateur l’Etat algérien et a décidé d’imposer un visa d’entrée aux Algériens pour, dit-il, se prémunir. La réponse algérienne à cette incartade, somme toute compréhensible, semble encore le surprendre aujourd’hui. Et les autres différends venus se greffer à cette relation déjà fragile n’ont fait que gâter la situation davantage.
« Personne n’a le droit aujourd’hui de prendre en otage le destin d’une région et de deux peuples frères. » En retournant ce discours en direction de la main qui le nourrit et devant laquelle il s’agenouille, le représentant de Sa Majesté fait preuve, il faut le dire, d’une grande pertinence dans son raisonnement. A l’ère de la mondialisation rapace qui menace de prendre sous son rouleau compresseur tout ce qu’elle trouve sur son chemin, et des regroupements régionaux qui se font jour aux quatre coins du Globe pour tenter d’y faire face, personne n’a le droit d’empêcher les peuples du Maghreb de réaliser leur aspiration de vivre en commun s’ils le désirent et de faire face ensemble à leur destin.
Et en la matière, le Royaume de Sa Majesté n’a, effectivement, pas de leçons à recevoir de quiconque. De même qu’il n’en a pas à donner avant d’avoir libéré le peuple marocain de sa condition de sujet de Sa Majesté pour le hisser à celle de citoyen, en réconciliant, d’abord, la monarchie avec son peuple, de cesser de nourrir la haine entre les peuples marocains et sahraouis ensuite, et en renonçant à ses ambitions expansionnistes, exprimées par un membre de son gouvernement, nullement inquiété, et qui constitue, tout simplement, un appel à prendre en otage le destin d’un autre peuple.