La position bancale de la France

Le gouvernement français sait que de telles réalisations resteront au stade de voeu pieux si le conflit du Sahara occidental ne trouve pas de solution dans le cadre des résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies qui garantissent au peuple sahraoui de s’exprimer librement quant à leur avenir. Que si les relations entre Alger et Rabat ne sont pas normalisées il n’y aura point d’UMA et point d’UPM… 
DROITS DE L’HOMME, RÉFÉRENDUM D’AUTODÉTERMINATION AU SAHARA OCCIDENTAL
La position bancale de la France
Son soutien à la proposition marocaine d’autonomie et son opposition même du bout des lèvres au projet américain d’élargir les prérogatives des droits de l’homme à la Minurso, ne jouent pas en faveur de la stabilité dans la région.
La carte des droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est le credo actuel de la diplomatie française. Il n’a pourtant pas la même valeur pour tous dans d’autres contrées de la planète.
Le conflit du Sahara occidental est le prototype même de la politique de deux poids, deux mesures menée par Paris dans la région. Interventions militaires en Lybie et au Mali au nom du respect des droits de l’homme, de la promotion de la démocratie et soutien aveugle pour le Maroc qui a annexé et mis sous sa coupe le Sahara occidental (depuis 1975, Ndlr) en réprimant violemment toute velléité indépendantiste de la part du peuple sahraoui. Une position bancale qui ne sied guère à son statut de patrie des droits de l’homme.
La politique de la France au Maghreb a besoin de correctifs. Paris a appelé à maintes reprises avec insistance à la construction du Maghreb, à l’ouverture des frontières algéro-marocaines et rêve de jouer un rôle de premier plan à travers l’Union pour la Méditerranée, un projet cher à l’ex-président Nicolas Sarkozy, qui est actuellement mis en veilleuse. Le gouvernement français sait que de telles réalisations resteront au stade de voeu pieux si le conflit du Sahara occidental ne trouve pas de solution dans le cadre des résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies qui garantissent au peuple sahraoui de s’exprimer librement quant à leur avenir. Que si les relations entre Alger et Rabat ne sont pas normalisées il n’y aura point d’UMA et point d’UPM… 
La récente visite effectuée par le chef de l’Etat français au Maroc si elle n’a pas fait preuve d’un fléchissement de sa position par rapport au dossier sahraoui, a montré combien il cultive l’ambiguïté. «Le plan présenté en 2007 par le Maroc prévoit un statut de large autonomie pour la population. Je le redis ici, c’est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», a déclaré le locataire de l’Elysée dans un discours prononcé devant le Parlement marocain tout en approuvant l’initiative d’une solution négociée et acceptable dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité. On ne peut pas faire plus flou. François Hollande, dont le mandat est scruté par les Algériens dont il est l’ami, clarifiera t-il sa position? Se démarquera t-il de ses prédécesseurs quitte à fâcher le souverain marocain? L’occasion lui sera donnée à nouveau dans les tout prochains jours. Le Conseil de sécurité s’apprête à adopter une nouvelle résolution pour prolonger le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un referendum au Sahara Occidental qui prend officiellement fin le 30 avril.
Les Américains ont d’ores et déjà décidé de rééquilibrer leur politique au Maghreb, traditionnellement précarré de la France. Ils ont décidé de proposer un élargissement des pouvoirs de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l’homme. La France le votera-t-elle? Paris, au nom d’une amitié exceptionnelle pour le trône chérifien tergiverse. Les faits plaident pourtant pour une condamnation de la politique du pouvoir marocain au Sahara occidental. La répression est féroce dans les territoires occupés. Les ONG internationales et locales «continuent à signaler les abus contre les indépendantistes sahraouis… la torture est pratiquée généralement lors des détentions provisoires», a relevé le département américain dans un rapport sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, publié le 19 avril et qui a mis en exergue des types de violences humiliantes pratiquées par les forces de répression marocaines pour arracher des aveux aux détenus sahraouis. Des rapports accablants du Centre Robert Kennedy pour la défense des droits humains, d’Amnesty International, d’Human Rights Watch, de l’envoyé spécial de l’ONU contre la torture, ont montré l’usage de cette pratique contre des militants sahraouis arrêtés. François Hollande continuera t-il a se voiler la face? S’opposera t-il à l’initiative américaine estampillée «Droits de l’homme»? La diplomatie française est mise au défi de trouver une sortie honorable à ce qui ressemble à une chausse-trape.
L’expression, 24 avril 2012

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