Guéguerre médiatico-politicienne

La question de l’ouverture des frontières doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).



L’AFP vient d’en remettre une couche. Décidément, l’agence de presse française n’en finit plus de chercher des poux sur la tête de l’Algérie, nous prouvant chaque jour un peu plus qu’elle se montre, on ne peut plus subjective, dès lors qu’il est question du Maroc et de la question sahraouie.
On se souvient encore que l’AFP, citant une source sulfureuse en la personne de son chef de bureau à Bamako, avait osé prétendre que des terroristes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) auraient trouvé refuge dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf.
Bien sûr Alger, mais aussi le Front Polisario, s’étaient tous deux empressés de démentir de pareilles sornettes. Le porte-parole des Affaires étrangères algériennes avait rappelé à cette occasion que ce bonhomme n’en était pas à son premier coup d’essai. Il faut dire en effet que le sieur Serge Daniel doit très certainement être un mercenaire à la solde du Makhzen, pour qui il loue les services de sa «plume». Nul besoin de rappeler ici que la diplomatie marocaine a toujours usé et abusé de la corruption pour acheter les consciences, les voix et les plumes des diplomates et des journalistes. Me Farouk Ksentini nous a même appris que la position de Washington était demeurée partiale vis-à-vis de la question sahraouie simplement parce que le roi Mohamed VI finance une fondation au nom de la famille des Clinton, dont une des membres, Hillary, était secrétaire d’État jusqu’à un passé très récent.
L’on se souvient, par ailleurs, que le chef de la diplomatie sahraouie avait jeté un véritable pavé dans la mare en révélant, il n’y a pas bien longtemps de cela, que le Mujao est en fait une création des services secrets marocains. Ces derniers, qui soutenaient déjà le GIA durant les années 90, espéraient ainsi faire d’une pierre plusieurs coups. D’une part, ils voulaient poser le pied enfin au Sahel, car l’Algérie les en avait toujours empêchés à cause de leur esprit retord et de leurs liaisons sulfureuses avec les mouvements terroristes islamistes. De l’autre, cela leur permettait de se livrer à leur sport favori, celui du commerce de la drogue, sans jamais risquer d’attirer l’attention sur eux, puisque ce sont les terroristes du Mujo qui s’en chargent, désormais, pour eux. Enfin, ils pouvaient carrément passer aux actes criminels les plus abjects qui soient sans risquer, là encore, de se voir accuser de quoi que ce fut. C’est, au reste, la raison pour laquelle le Mujao n’a jamais commis d’actes terroristes que contre l’Algérie et le Sahara occidental. Il s’agit, on s’en souvient, des deux sanglants attentats commis contre les sièges des brigades de gendarmerie de Ouargla et Tamanrasset, ainsi que l’enlèvement de militants humanitaires européens au niveau du camp de réfugiés sahraouis de Rabouni, à Tindouf. Et, pour la petite histoire, qui permettrait aussi d’établir de nouveaux liens entre la France et le Maroc, signalons que le patron du Mujao, un certain Ould Kheiro, fait partie des dangereux terroristes libérés par Bamako sur demande instante de la France afin d’obtenir en échange la libération de son agent secret, Pierre Camatte.
Bref, si des criminels du Mujao ont pu trouver refuge quelque part dans le monde, cela ne saurait être que sur le sol chérifien.
Mais revenons aux manipulations médiatiques de l’AFP, qui tendent ces derniers temps à se démultiplier.
Une dépêche, pour le moins énigmatique, vient en effet d’affirmer que l’ouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc serait imminente. Pour comprendre le caractère tendancieux et intéressé d’une pareille sortie médiatique, vite reprise par pas mal de journaux et de chaînes satellitaires, il conviendrait de rappeler que c’est le Maroc qui avait procédé de manière unilatérale à la fermeture de ces frontières en 1994, au plus fort du terrorisme qui frappait l’Algérie, un pays également sujet à un embargo qui ne disait pas son nom. Rabat a donc choisi ce moment pour nous tourner le dos, nous laissant livrés à nous-mêmes, allant carrément jusqu’à proposer des aides militaires, financières et logistiques aux criminels du GIA (comme révélé par l’émir fondateur de ce groupe criminel, Abdelhak Layada), quand le défunt roi Hassan II voulait faire de l’Algérie un «laboratoire grandeur-nature et à ciel ouvert» en matière d’islamisme terroriste et radical.
Plus tard, lorsque l’Algérie a fini par s’en sortir avec brio, et que rabat a commencé à ressentir les douloureux retours de flamme de cette politique suicidaire, elle s’est également rendu compte qu’elle enregistrait un manque à gagner de l’ordre de plusieurs milliards de dollars chaque année à cause de la fermeture de ces frontières.
D’où ses multiples sollicitations et suppliques afin que l’Algérie procédât enfin à leur réouverture. Or, la position algérienne n’a jamais dévié d’un iota. Cette question doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).
C’est dire que ce n’est pas parce que Ould Kablia s’est rendu à Rabat, et qu’il s’est montré un tantinet conciliant (diplomatie oblige) que la position algérienne concernant l’ouverture de ses frontières terrestres avec le Maroc va dévier, ne serait-ce que d’un iota. C’est à Rabat de faire les concessions qu’il faut. Tout le reste n’est que littérature de bas étage, aussi insipide que celle que commet de temps à autre le sieur Serge Daniel…
Mohamed Abdoun


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