Si la question sahraouie est loin de trouver son épilogue, elle prouve au moins la validité de la théorie de Nietzsche, laquelle énonce que le diable est dans le détail. Et à propos du Sahara occidental, il n’y en a pas qu’un de nouveau.
Mais plusieurs. Sinon comment expliquer que depuis son annexion manu militari au Maroc, jamais ce territoire et le débat politico-diplomatique qui le concerne depuis près de 40 ans n’ont reçu autant d’échos et d’appui auprès de la communauté internationale, et à plus forte raison à la Maison-Blanche. En effet, dans son dernier rapport mondial 2013, publié vendredi, sur la situation des droits de l’Homme, le département d’Etat n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer la politique liberticide et du reste répressive pratiquée par le Makhzen contre les Sahraouis. En matière des droits de l’Homme, il est catégorique, autant que l’est sont chef, John Kerry.
S’agissant des indépendantistes sahraouis, le rapport qu’il a signé présente les autorités marocaines comme coupables d’actes de torture, de viols et de pratiques inscrites dans la chronicité coloniale : du jamais vu dans les positions américaines, qui, bien que jamais explicitement non alignées sur celles de Rabat, restaient depuis longtemps nuancées et n’accablaient pas le palais. Pour les observateurs de la scène internationale, la position de la diplomatie américaine marque un tournant vertigineux, dont l’explication se trouve sans doute dans la Fondation Robert Kennedy, les constats accablants qu’elle établit depuis plus de deux années sur la situation des droits de l’Homme en territoires contrôlés par le Maroc, et la relation de proximité dont elle jouit auprès du successeur de madame Hillary Clinton, dont l’administration n’a jamais eu des jugements aussi sévères.
A l’issue de sa dernière visite, en août dernier, dans les territoires sahraouis occupés, puis dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie, la Fondation Kennedy a établi son rapport, dans lequel elle a dressé un véritable réquisitoire contre le Maroc, en dénonçant la politique de l’arbitraire. Etant proche des démocrates et du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, elle a su donner à la cause sahraouie une nouvelle audience après des Nations unies et du Conseil de sécurité. Elle est en passe de faire bouger les lignes si Washington parvient à faire admettre sa résolution d’élargir le mandat de la Minurso à la supervision des droits humains à Laâyoune et ailleurs dans les territoires occupés par Rabat. Et si, aussi, Paris n’oppose pas son veto, comme il est prédit. Selon Régine Villemont, secrétaire générale de l’association Les amis de la RASD, le nouveau son de cloche de Paris est celui d’un soutien et d’une aide à… l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross.
Dans une déclaration faite hier à Reporters, Mme Villemont nous a fait part de la réunion qui s’est tenue vendredi au Quai d’Orsay entre le tissu associatif français en faveur du Sahara occidental et la sous-direction chargée de l’Afrique du Nord. Selon Mme Villemont, le mot d’ordre étant soutien et solidarité pour Christopher Ross, qui n’est pas en odeur de sainteté avec Rabat. Du côté officiel, notre interlocutrice a ajouté que tel que prononcé par M. Hollande à Rabat, il est fait cas de respect de la France au projet marocain dit d’autonomie, mais pas d’adhésion…
Reporters.dz, 21 avril 2013
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