Désaveu, par Ali Chikhi

La récente proposition des Américains, consistant à charger la Mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental de veiller au respect des droits de l’Homme, a sérieusement ébranlé le Royaume chérifien.
Courroucée par ce « crime » de lèse-majesté, la monarchie alaouite est montée sur ses grands chevaux en allant jusqu’à annuler les manœuvres militaires annuelles « Lion africain », auxquelles devaient participer 1 400 soldats américains et 900 militaires marocains. Habitués à plus de prévenance de la part de cet allié inconditionnel, les Marocains ont donc mal accusé ce second tir ami essuyé après la bombe lancée par l’ambassadeur des USA au Maroc, Samuel Kaplan, qui, lors d’une conférence à Casablanca, a soutenu abruptement jeudi 11 avril 2013 que «l’ONU et les Etats-Unis considèrent que la proposition marocaine d’autonomie ne peut pas servir de seule base dans les négociations entre les parties en conflit (Maroc et Front Polisario) ». Un coup de Jarnac !
Un désaveu ! Passe sur ce pied de nez à la partie marocaine qu’est le maintien de Christopher Ross – il est très mal apprécié de l’autre côté de la frontière – comme envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental. Ne perdant pas de vue l’importance de ces faits importants survenant à une dizaine de jours d’intervalle seulement, les Sahraouis, eux, pavoisent. Le président du Polisario, Mohamed Abdelaziz, a estimé, vendredi 19 avril, que « le gouvernement marocain est mis au pied du mur » et que « les prochaines semaines s’annoncent déterminantes quant au processus de l’autodétermination du Sahara occidental». La même analyse ou presque est partagée par Alger.
Se confiant au site TSA, une source diplomatique algérienne ayant requis l’anonymat a vu dans ces nouveaux développements sur le dossier sahraoui un « échec diplomatique cuisant» du Maroc. C’est dire que la dernière sortie américaine n’a pas laissé de mettre sens dessus dessous une bonne partie du Maghreb. Question : le « lâchage » de l’administration d’Obama de leur allié de toujours est-il la traduction d’une prise de conscience sur le véritable verrou qui se dresse devant la résolution de la dernière question de décolonisation ?
Les voies de la diplomatie étant parfois impénétrables, c’est aller vite en besogne que de conclure que la thèse du Sahara marocain a vécu, même si l’on peut y voir des prémices d’une solution à un conflit qui n’a que trop duré. Pis, il a été très coûteux en ce sens qu’il a, d’une manière ou d’une autre, empêché une intégration maghrébine souhaitée par tout le monde et surtout empoisonné les relations entre les pays voisins et frères que sont l’Algérie et le Maroc.
Reporters.dz, 21 avril 2013
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