Au moment où les autorités marocaines annoncent l’annulation de la manœuvre militaire avec l’Africom, prévue du 7 au 27 avril en cours, en guise de dénonciation de la décision américaine d’étendre la mission des Nations unies (Minurso) aux territoires sahraouis occupés pour enquêter sur les droits de l’homme, la presse marocaine, elle, fustige l’Algérie, faisant croire que le pétrole algérien serait derrière cette décision des Etats-Unis. Une situation intervenant également au moment où des tonnes de kif marocain sont acheminées vers le territoire algérien, ce qui ne pourrait être le fait d’un simple hasard.
La région du Maghreb est au centre d’un conflit stratégique. Un conflit tactique «franco-américain» dont les intérêts sont inestimables dans la région. Un bras de fer entre Paris et Washington qui se poursuit depuis plusieurs années et qui commence à se profiler davantage dans plusieurs dossiers «chauds» qui empoisonnent les relations entre Alger et Rabat.
D’un côté, le vieux partenaire du Maroc, à savoir la France, continue de soutenir aveuglement la politique marocaine surtout lorsqu’il s’agit du dossier du Sahara occidental, cela au détriment d’un autre voisin stratégique, l’Algérie. La politique française a toujours été favorable au plan proposé par le Maroc vis-à-vis du conflit avec le Front Polisario, mais cette fois le soutien français est allé un peu loin lorsque Paris a décidé de s’interposer à la décision américaine d’élargir le mandat de la mission des Nations unies (Minurso) aux territoires occupés. Face à cette position française, la politique américaine dans la région est tout a fait différente. Autrement dit, les Etats-Unis n’ont jamais soutenu la proposition marocaine.
Bien au contraire, on assiste depuis près de neuf ans à une politique américaine pro-algérienne consistant en l’application de la résolution 1492 des Nations unies du plan de paix de James Baker. Une résolution qui appelle le Maroc à organiser un référendum devant permettre au peuple sahraoui d’opter ou pas pour son indépendance. Toutefois, le rôle de la France a pesé de tout son poids à l’échèle internationale et même dans la région maghrébine, ce qui a retardé une issue rapide au conflit opposant le Maroc au Front Polisario. Une position française qui a également empoisonné les relations avec l’Algérie, surtout que Paris avait, parfois, financé l’achat d’armement au profit du Maroc, cela pour faire face à l’Algérie et son fournisseur traditionnel russe. La France ne laissera jamais l’Algérie devenir le pivot du Maghreb.
Les relations entre les Etats-Unis et le Maroc se compliquent
En annonçant l’annulation de la manœuvre avec l’armée américaine, le Maroc est en train de se diriger vers une impasse dont les conséquences seront catastrophiques pour le Royaume chérifien.
Pis, le conflit lié au Sahara occidental semble influer négativement, ces derniers jours, sur les relations entre le Maroc et les Etats-Unis d’Amérique. En effet, après le rejet catégorique marocain affiché ce jeudi à l’égard de l’initiative américaine visant à étendre le mandat de la Minurso au Sahara aux droits de l’homme, tout en appelant le Conseil de sécurité à faire «preuve de sagesse», évoquant de possibles «conséquences néfastes dans la région», Rabat a également décidé d’annuler l’exercice militaire que devaient effectuer les soldats américains se trouvant au Maroc avec leurs homologues du Royaume chérifien. Ces exercices devaient s’étaler du 7 au 27 avril, selon le porte-parole de l’Africom, Chuck Prichard.
La manœuvre militaire en question, dénommée «Africa Lion», devait réunir 1 400 Américains et 900 Marocains pour des exercices portant notamment sur les opérations amphibies et de maintien de la paix, le ravitaillement aérien ou le vol à basse altitude, selon les précisions fournies par la même source qui attribue aux autorités marocaines la cause de leur annulation.
Sofiane Abi
Le Jeune Indépendant, 19 avril 2013
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