Le Maroc annule des manœuvres militaires avec les Américains : Rabat en déroute, Paris en panne

La présentation au niveau du groupe des Amis du Sahara Occidental (Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie, France et Espagne), d’un projet de résolution rédigé par Susan Rice, ambassadrice américaine à l’ONU, prévoyant l’extension du mandat de Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) est vécu comme un grave échec par Rabat. 
L’extension de ce mandat concerne pourtant aussi bien les camps de réfugiés de Tindouf que les territoires sahraouis. La diplomatie marocaine, qui pense avoir dans «sa poche» les pays occidentaux, n’en revient pas. Les diplomates français, également, même s’ils ne le montrent pas trop, ouvertement. L’un d’eux, cité par le journal ‘Le Monde’, s’indigne du fait que les «Américains n’ont prévenu personne, c’est une mauvaise manière faite aux Marocains». Il semble pourtant que le «bouclier» français ne va pas jouer dans cette affaire, un recours au droit de veto pour s’opposer à un rôle de surveillance des droits de l’Homme, par un instrument de l’Onu, serait des plus mauvais effets. Le diplomate cité par ‘Le Monde’ affirme que Paris ne fera pas usage d’un droit de veto, car c’est une « question entre le Maroc et les Etats-Unis». 
MAUVAISE HUMEUR 
A l’évidence, le message a été passé vers Rabat qui a décidé d’exprimer sa mauvaise humeur, en décidant d’annuler des manœuvres militaires conjointes, « African Lion », prévues au cours de ce mois, à Agadir. 1.400 militaires américains et 900 marocains devaient participer à ces exercices, portant notamment sur les opérations amphibies et de maintien de la paix, le ravitaillement aérien ou le vol à basse altitude. Une vingtaine de pays observateurs avait été conviée, selon l’Africom. L’information a été donnée par le site ‘Lakome’ et a été confirmée à Washington alors qu’à Rabat on s’abstenait de confirmer. Le Commandement américain pour l’Afrique (Africom) a indiqué, mercredi, qu’il allait anticiper le «redéploiement» de ses soldats, se trouvant au Maroc, dans le cadre de l’exercice militaire conjoint. «Les exercices ont été reportés à la demande du royaume du Maroc», et il n’y a aucune autre date, a indiqué un porte-parole de l’Africom, Chuck Prichard, qui précise que les exercices devaient s’étaler «du 7 au 27 avril», en comptant les préparatifs. «Nous nous organisons pour anticiper le redéploiement de ces troupes sur leur base d’origine», a-t-il ajouté.» Nous restons ouverts et des discussions se poursuivent», a relevé le porte-parole, renvoyant vers les autorités marocaines, s’agissant du motif de l’annulation. 
Les Marocains, douchés, semblent avoir choisi de «dramatiser» afin d’essayer d’atténuer l’impact de l’initiative américaine. 
Mais le côté spectaculaire de la décision d’annuler les manœuvres militaires conjointes risque d’être très contre-productif, les Américains n’acceptant pas qu’on essaye de leur forcer la main sur une proposition qu’ils jugent équilibrée puisque les mécanismes de surveillance des droits de l’Homme concernent aussi bien les territoires occupés que les camps de Tindouf. 
PROPOS AIGRE-DOUX DE PARIS 
A l’évidence – et c’est clairement le sens des propos aigre-doux du diplomate français cité par le Monde -, le projet de résolution, préparé discrètement par Mme Susan Rice, n’a pas permis aux diplomaties marocaine et française d’agir à temps. Encore que le rapport du secrétaire général de l’Onu était déjà annonciateur de ce qui « déprime » les Marocaines : une surveillance permanente de la situation des droits de l’Homme. Le rapport du secrétaire général de l’Onu avait suscité déjà la «colère» marocaine qui a décidé de «retirer sa confiance à Christopher Ross, l’émissaire de Ban Ki-Moon. Une décision irréfléchie qui a suscité une réaction ferme du secrétaire général de l’Onu et de celle des Américains. Le Maroc a dû se résigner, par la suite, à accepter que Christopher Ross reprenne sa mission. 
par Salem Ferdi
Le Quotidien d’Oran, 18 avril 2013
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