La question du Sahara Occidental gâche une alliance sacrée

Le Maroc annule une manœuvre militaire conjointe avec les Etats Unis
La question du Sahara Occidental plombe les relations entre le Maroc et les Etats Unis. Les deux derniers jours auront été assez mouvementés dans le sens Rabat-Washington, le palais royal n’appréciant visiblement pas la position américaine vis-à-vis de la mission de l’Onu au Sahara Occidental (MINURSO).
Pour marquer sa désapprobation quant au quitus US pour étendre les missions de la MINURSO aux questions en rapport avec les droits de l’Homme dans les territoires occupés par le Maroc, le palais royal a agit en deux temps. Il a d’abord signifié un rejet catégorique à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu sur la question. Dans le discours marocain, l’attitude de l’instance onusienne n’est pas sage. Aussi, le Maroc appelle-t-il le Conseil de sécurité à faire «preuve de sagesse». L’Avertissement marocain est, bien entendu, accompagné par une menace à peine voilée, puisque Rabat évoque des «conséquences néfastes dans la région».
La seconde étape de la réaction marocaine est symptomatique de l’état de panique qui sévit dans les couloirs du Palais. Et pour cause, Rabat a décidé, hier, d’annuler purement et simplement un exercice militaire prévu de longue date, devant se dérouler entre des troupes américaines positionnées au Maroc et leurs homologues marocaines. Il y a lieu de préciser que cette manœuvre dénommée «Africa Lion» concernent 1.400 Américains et 900 Marocains. Les soldats des deux armées devront réaliser «des exercices portant notamment sur les opérations amphibies et de maintien de la paix, le ravitaillement aérien ou le vol à basse altitude», selon un porte-parole de l’Africom, Chuck Prichard.
C’est la première fois que le Maroc recours à ce genre de pratique pour «marquer son territoire». Le gel de la manœuvre ne restera sans doute pas sans réaction de la part des USA. Pour le pays de l’Oncle Sam, l’Africom est un corps d’armée important dans sa stratégie dans le continent noir. Il serait intéressant de voir comment les Etats Unis vont gérer cette mini-crise avec leur principal allié dans la région, même si ces dernières années, les rapports entre Washington et Alger ont considérablement évolué sur les questions de sécurité notamment. Cet aspect des choses pèsera, sans nul doute, assez lourd dans l’attitude des USA vis-à-vis du Maroc et de la question du Sahara Occidental.
En tout état de cause, en agissant de manière aussi radical, Mohamed VI a cassé un ressort. Le jeu des alliances ne sera plus comme avant.
Ouest Tribune, 18 avril 2018
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