Depuis 22 ans, date du cessez-le-feu, la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental est malmenée par le Maroc. D’abord, Rabat lui a imposé ses plaques d’immatriculation et son drapeau à l’intérieur de son siège à El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental. Ses officiers étaient victimes de l’harcèlement, ses déplacements filés par les agents des services de sécurité marocains. Pire encore, ses communications confidentielles avec la centrale à New York étaient mises sous écoute.
Sur le plan militaire, les officiers de la MINURSO n’ont cessé de se plaindre des restrictions imposées par les autorités marocaines lors des opérations de contrôle des unités marocaines stationnées le long du mur de la honte qui divise le territoire et la population sahraouie.
Dans son dernier rapport, le Secrétaire Générale de l’ONU, Ban Ki-moon n’a pas oublié de faire état d’une première dans le genre de la MINURSO : la présence des officiers de la MINURSO lors des entretiens de Chritopher Ross avec les sahraouis était « la première fois que la MINURSO prend contact avec avec des organisations locales de la société civile sahraouie ».
Selon les paroles de Ban Ki-moon « la MINURSO n’a pas l’autorité voulue pour prévenir ou réprimer les violations » en ajoutant que si « les violations que les parties occasionnent n’ont pas compromis le cessez-le-feu, elles ont pourtant produit une érosion progressive de l’autorité de la MINURSO et par conséquent du statut dont la Mission jouit dans sa zone d’opérations ».
« La Mission reste bridée dans sa capacité à rendre compte de manière véritablement indépendante des faits nouveaux au Conseil et au Secrétariat », a-t-il ajouté. Et en raison! Parmi les huit missions que l’ONU a déployé en Afrique pour le maintien de la paix, la MINURSO est la seule qui ne veille pas pour les droits de l’homme.
Au Congo, « la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) est autorisée à recourir à tous les moyens nécessaires pour mener à bien son mandat concernant, entre autres, la protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme immédiatement menacés de violence physique, ainsi que le soutien du Gouvernement de la République démocratique du Congo dans ses efforts de stabilisation et de consolidation de la paix ».
En Côte d’Ivoire, le Conseil de Sécurité a bie défini dans le mandat de l’ONUCI « la protection de la population civile du risque imminent de violence physique sans préjudice de la responsabilité principale des autorités ivoiriennes et dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement ; l’appui aux efforts de promotion et protection des droits de l’Homme et l’appui à l’assistance humanitaire ».
L’engagement pour les droits de l’homme est encore plus explicite au Liberia. « Soutenir les activités humanitaires et les initiatives en faveur des droits de l’homme » souligne le mandat de la Mission de l’ONU dans ce pays.
Dans la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS), trois paragraphes insistent sur la protection de la population et les droits de l’homme : « Aider les parties à l’Accord de paix global à promouvoir l’état de droit, y compris une justice indépendante et la protection des droits fondamentaux de toute la population soudanaise, en appliquant une stratégie cohérente et coordonnée visant à lutter contre l’impunité et à contribuer à la paix et la stabilité durables, et aider les parties à l’Accord à développer et à consolider le cadre juridique du pays; Se doter, en matière de droits de l’homme, de moyens, de capacités et de compétences suffisants au sein de la MINUS pour mener des activités de promotion, de défense, de protection et de surveillance dans ce domaine; Se doter, en matière de droits de l’homme, de moyens, de capacités et de compétences suffisants au sein de la MINUS pour mener des activités de promotion, de défense, de protection et de surveillance dans ce domaine ».
Les prérrogatives octroyées à toutes ces missions constituent justement le coeur des revendications sahraouies pour la MINURSO.
Le sentiment d’impuissance devant les dépassements des autorités marocaines a contribué à érosionner le moral des troupes de la MINURSO. Tout renversement de la situation donnera aux officiers de la MINURSO la satisfaction morale tirée du sentiment d’avoir accompli leur devoir sans aucune contrainte.
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