L’ONU doit décréter un embargo économique du Maroc
Dans tous les discours officiels du Maroc, que ce soit le roi ou les décideurs politiques, les réfugiés sahraouis à Tindouf, sont désignés sous le terme de «séquestrés». Ce qui veut dire, pour le Maroc, que le Polisario a séquestré la population sahraouie réfugiée à Tindouf et l’empêche de rejoindre la «mère patrie» comme aime à le dire le Makhzen.
Et il n’y a pas que cela. Le Maroc ne manque pas une occasion pour demander, aussi bien au HCR qu’à Christopher Ross, un recensement de ces populations «séquestrées» à Tindouf par le Polisario. Le régime marocain et ses médias, peu importe qu’ils soient indépendants ou non, ne cessent de dénoncer des violations présumées des droits de l’homme dans les camps de réfugiés sahraouis. Les rapports successifs du Secrétaire général de l’ONU sont pleins d’allusions marocaines à des violations des droits de l’homme commises par le Polisario.
De leur côté, les représentants du Maroc au Conseil des droits de l’homme de Genève font état, dans leurs rapports, de toutes sortes de violations des droits de l’homme qu’à leur avis le Polisario commet à l’encontre des civils «séquestrés» à Tindouf.
Et voici que, alors que l’ONU se prépare à doter la MINURSO de compétences pour le suivi des droits de l’homme de ces populations «séquestrées», le Maroc pousse de grands cris, réunit d’urgence toute sa classe politique autour du roi, envoie des émissaires à New York, Washington, Moscou, Londres, Pékin et Paris, et suspend les manoeuvres militaires conjointes avec l’armée américaine. Et tout cela pour empêcher la résolution du Conseil de sécurité qui pourrait étendre le mandat de la MINURSO.
Un miracle: nous, Sahraouis, espèce en voie de disparition, pour laquelle le Maroc a toujours revendiqué un recensement et la protection de ses prédateurs (le Polisario et l’Algérie), nous passons à la condition d’espèce protégée et intouchable, qu’il ne faut ni recenser ni protéger. Comme par miracle, maintenant, il n’est pas nécessaire de faire appel à un expert pour se renseigner sur cette espèce.
Par la baraka de «Sa majesté», voilà que l’espèce en question n’a besoin de rien. Apparemment, les réfugiés sahraouis à Tindouf ont toujours été des «séquestrés», dont seuls les plus forts, les plus courageux et les plus compétents ont réussi à surmonter les barrières et les obstacles pour rejoindre la «mère patrie». Mais maintenant que la communauté internationale se prépare à nous inspecter sur place, pour relever toutes sortes de calamités auxquelles nous soumet le Polisario, le Maroc pousse de grands cris et dit non. Ce n’est pas nécessaire. La communauté internationale ne doit pas faire cela. Pour mémoire, la communauté internationale a approuvé récemment deux interventions militaires dans deux territoires proches, la Libye et le Mali, on peut donc se demander si cette même communauté internationale sera capable de décréter un embargo économique pour le Maroc, au motif qu’il s’est opposé à l’envoi d’une simple mission pacifique de supervision des droits humains au Sahara Occidental, territoire toujours qualifié de non autonome.
Le Maroc, en son temps, avait été très actif en faveur de la résolution décidant de la supervision par l’ONU des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, et maintenant, il veut s’opposer à tout prix à une supervision des droits de l’homme dans un territoire non autonome.
On ne comprend pas pourquoi le Polisario n’exige pas de lourdes sanctions économiques à l’encontre du Maroc, véritable Etat voyou.
Haddamin Mouloud Saïd
Libres Opinions, 17 avril 2013
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