Clair, net et précis : les valeurs de démocratie, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ne sauraient souffrir un quelconque marchandage.
Le message du président Mohamed Abdelaziz, lancé au cours de l’entretien accordé à l’APS, s’attaque à la vision discriminatoire qui refuse à la question de décolonisation sahraouie ce qu’elle revendique pour les candidats au « printemps arabe ». A juste titre, le président sahraoui appelle à la clarification de la position française acquise, toutes majorités politiques confondues, à la thèse marocaine de l’autonomie aux antipodes du droit à l’autodétermination qui constitue la base légale du règlement juste et définitif de la question de décolonisation inachevée. « Nous aurions aimé qu’il (François Hollande) nomme les choses par leurs noms. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés », a-t-il déclaré. Dans la dernière colonie africaine, l’enfer de Gdeim Izik, qualifiant les violations massives et systématiques des droits de l’homme, représente un déni grotesque du « printemps sahraoui » occulté et sacrifié sur l’autel de la real politik des puissances participant au pillage des ressources du peuple sahraoui.
La crise des droits de l’homme, dénoncée par la majorité des organistaions internationales, régionales et continentales, à l’image de Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la délégation onusienne aux droits de l’Homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’homme et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, traduit le caractère barbare et immoral de l’occupation coloniale versée dans le trafic de drogue à grande échelle et reconnue, selon le président sahraoui, comme étant « l’un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel ». Mais, par-delà les tentatives de diversion et d’occultation, la réalité intangible du fait national et de la République sahraouie est pleinement consacrée par la visite « importante » de l’émissaire onusien, Christopher Ross, privilégiant les contacts directs avec les Sahraouis des territoires occupés en effervescence, de Dakhla à El Ayoune, ainsi que des camps de réfugiés. La démarche exprime une volonté de dialogue de nature à favoriser des « pourparlers directs entre les parties belligérants ».
Au sortir de la crise de confiance qui l’a opposé avec Rabat, contraint en définitif, d’adopter un profil bas, la crédibilité de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu a brisé le mur du silence imposé aux membres de la société civile internationale, aux parlementaires européens et aux médias étrangers coupables d’objectivité et de refus d’allégeance. « Les entretiens qu’il a eus avec les citoyens, en plus de ceux avec les parties en conflit et les pays voisins, sont autant d’éléments qui plaident pour la nécessité de faire avancer le dossier du Sahara occidental dans le sens des résolutions des Nations unies, et de façon à garantir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », a relevé Mohamed Abdelaziz. L’opportunité Ross est une chance de relance du processus de négociation sérieuse, compromise par l’« absence de volonté » et de bonne foi du Maroc. « La prochaine réunion du Conseil de sécurité sera un test pour les Nations unies et les Etats influents, notamment la France », a soutenu Mohamed Abdelaziz. « La crédibilité des Nations unies, aujourd’hui, réside précisément dans la résolution du conflit sahraoui dans la mesure où il s’agit du dernier cas de décolonisation ». Il s’agit, en l’occurrence de la mission de décolonisation, régie par la charte de l’Onu et les multiples résolutions du Conseil de sécurité, totalement et constamment contrariée par la politique d’obstruction marocaine aussi irréfléchie que porteuse de risques d’instabilité régionale. Tout en saluant la position de principe de l’Algérie « qui n’attend rien du Sahara occidental », le président sahraoui a lancé un appel « pressant » à la communauté internationale à exercer des pressions sur le Maroc pour mettre fin aux souffrances du peuple et lui permettre d’exercer son droit à l’autodétermination légalement et internationalement consacré.
Larbi Chaabouni
Horizons, 15 avril 2013
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