Le document, de 27 pages, dont nous nous sommes procurés une copie, évoque les manifestations pacifiques du peuple sahraoui, violemment réprimées par les forces d’occupation marocaine, mais aussi les procès iniques, les tortures et les détentions arbitraires de militants dont le grand tort et de continuer à revendiquer l’indépendance de leur pays. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU n’a guère été tendre avec le Maroc colonialiste dans son dernier rapport relatif au Sahara occidental. Celui-ci, en effet, ne laisse pas de réitérer la nécessité de tenir un référendum d’autodétermination, ce qui bat en brèche la proposition marocaine basée sur la «large autonomie», officiellement soutenue par la France, en dépit du fait qu’elle soit contraire au droit international.
Le rappport, en outre, relève que «dans le territoire, des manifestations généralement pacifiques ont eu lieu périodiquement à Laâyoune et dans d’autres localités importantes. Il s’agissait le plus souvent de petites manifestations organisées à l’improviste, qui étaient rapidement dispersées par les forces de sécurité marocaines ». Or, lit-on encore, « le Frente Popular para la Liberación de Saguía el-Hamra y de Río de Oro (Front Polisario) a fait état de l’emploi de la force disproportionnée à certaines occasions ». Il faut dire que des vidéos, des photos et des rapports accablants, existent, pour prouver que les forces d’occupation n’hésitent à s’en prendre à tout le monde, y compris les femmes.
Le rapport ajoute, toujours à propos du même sujet, que « dans certains cas, les manifestants attiraient l’attention sur des aspects de l’exploitation des ressources naturelles de la région qu’ils jugeaient contraires au droit international. Dans d’autres, ils exprimaient leurs préoccupations concernant la prestation des services sociaux. Et d’enchaîner pour dire qu’ « en octobre 2012, 11 Sahraouis, dont quatre femmes, sont entrés dans la base d’opérations de la Minurso à Smara, à l’ouest du mur de sable, pour exiger une augmentation de l’assistance sociale. Quelques heures plus tard, le groupe a été persuadé de quitter le complexe après que les autorités ont promis d’examiner leur demande. Cinq membres du même groupe sont revenus pendant la visite de mon Envoyé personnel en mars 2013, et ont demandé à le rencontrer. Là encore, ils ont été persuadés de quitter les lieux.
Mais le plus important c’est que « d’autres manifestations visaient à exprimer un appui à l’autodétermination ou la solidarité avec les Sahraouis arrêtés après les événements de Gdeim Izik de novembre 2010 et les incidents de Laâyoune de septembre 2011 ».
Mais le plus important reste à venir. Après l’échec du plan de large autonomie du Sahara, c’est le refus marocain d’élargissement du mandat de la Minurso au respect des droits de l’homme qui risque d’être lui aussi réduit à néant. Que l’on en juge : « la question des droits de l’homme était au centre des visites effectuées par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme pendant la période considérée. En août 2012, une délégation du Robert F. Kennedy Centre for Justice and Human Rights s’est rendue au Sahara occidental et dans les camps près de Tindouf. Ses membres ont rencontré des représentants de la Minurso, des organisations marocaines et sahraouies de défense des droits de l’homme et de la société civile, ainsi que les autorités marocaines et celles du Front Polisario. En septembre 2012, des membres du Leadership Council for Human Rights se sont également rendus dans le territoire et ont rencontré des interlocuteurs locaux et mon Représentant spécial… »
L’ONU devrait en effet imposer au Maroc un mécanisme spécial relatif à ce sujet.
Et en finissant d’enfoncer le clou, Ban Ki moon revient sur le camouflet diplomatique reçu par le Maroc à propos de son retrait de confiance à Christopher Ross : « la période allant de mars 2012 à mars 2013 a été marquée par une pause de quatre mois dans le processus de médiation et par de graves troubles dans la région du Sahel et au-delà. Cette pause dans les négociations, due au fait que le Maroc a retiré sa confiance à mon Envoyé personnel en mai 2012, a pris fin le 25 août à l’issue d’une conversation téléphonique que j’ai eue avec le Roi Mohamed VI, au cours de laquelle j’ai précisé les mandats de mon Envoyé personnel et de la Minurso. Après avoir eu plusieurs contacts bilatéraux avec les parties et les États voisins à New York, mon Envoyé personnel a repris ses activités de médiation en se rendant dans la région en octobre et novembre 2012, effectuant ainsi sa première visite au Sahara occidental. Il s’est également rendu dans les capitales des États membres du Groupe des Amis du Sahara occidental (Madrid, Moscou, Londres, Paris et Washington), ainsi que de l’Allemagne et de la Suisse, du 28 janvier au 15 février 2013 pour mobiliser un appui international en vue de trouver une nouvelle formule pour faire avancer les négociations et surmonter l’impasse actuelle ».
Signalons pour finir que « dans les camps de réfugiés près de Tindouf, le secrétaire général du Front Polisario a exprimé sa profonde exaspération face à l’incapacité de l’Organisation d’organiser un référendum sur l’autodétermination. En ce qui concerne la situation au Mali, il a souligné que le Front Polisario est fermement opposé aux activités des groupes terroristes et criminels et que celui-ci avait pris des mesures pour empêcher tout recrutement dans les camps ».
Kamel Zaïdi
Le Courrier d’Algérie, 12 avril 2013
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