OUVERTURE DES FRONTIÈRES ET LUTTE CONTRE LE TRAFIC DE DROGUE. Le chantage marocain
Le ministre marocain de l’Intérieur a affirmé, hier, que l’ouverture des frontières avec l’Algérie conduira à une «meilleure coopération» dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Le Maroc semble vouloir imposer à l’Algérie l’ouverture des frontières comme préalable à une lutte plus efficace contre le trafic de drogue produite sur son territoire. C’est ce qu’a déclaré, hier, Mohand Laenser, lors d’une conférence de presse marquant la clôture de la 15e Conférence des ministres de l’Intérieur du bassin de Méditerranée occidentale (CIMO). «Si le trafic de drogue est la cause qui justifie la fermeture des frontières, alors les frontières ne s’ouvriront jamais car il n’y a pas un seul pays au monde qui a réussi à éradiquer le trafic. L’ouverture des frontières conduira à une meilleure coopération dans ce domaine», a répondu le ministre à une question sur les mesures prises par les autorités marocaines pour lutter contre ce phénomène.
Mohand Laenser a donc profité de la tribune de cette conférence des 5+5 pour remettre sur la table le dossier de l’ouverture des frontières. Pourtant, la question de l’engagement et de la coopération du Maroc dans cette lutte ne devrait pas se poser puisque ce pays est signataire de «toutes les conventions internationales». Mohand Laenser a d’ailleurs tenu à le préciser hier. «Il est important de rappeler qu’en matière de lutte contre les stupéfiants, le Maroc est signataire de toutes les conventions internationales. Il suffit juste de lire les statistiques pour constater le niveau des saisies et la diminution de 70% des superficies cultivées. Avec mon confrère ministre de l’Intérieur d’Espagne, nous sommes revenus ce matin sur les moyens de lutte déployés. Pour ce qui est des frontières avec l’Algérie, il y a également des statistiques et des actions de coopération qui iront en se consolidant», dira-t-il.
Si l’on s’en tient aux statistiques des services de sécurité algériens, les saisies de drogue produite au Maroc n’ont cessé d’augmenter. De 53 tonnes de résine de cannabis en 2011, les saisies ont dépassé 157 tonnes en 2012. Il est aujourd’hui établi que ce trafic est la principale source de financement des groupes terroristes au Sahel. D’ailleurs, dans la déclaration finale de la 15e CIMO, les ministres se disent «convaincus que le terrorisme et le crime organisé, notamment le narcotrafic, sont trop souvent liés». Une des résolutions prévoit «la poursuite de la lutte contre le trafic illicite de drogue, des substances psychotropes et des produits précurseurs par le renforcement des capacités des Etats membres de la CIMO, en particulier en matière de contrôle aux frontières maritimes, terrestres et aériennes».
Tarek Hafid
Le Soir d’Algérie, 10 avril 2013
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