Ni Maghreb économique, ni Maghreb politique

Il aurait fallu dans le cas du Sahara Occidental, qu’une puissance comme la France s’en tienne à la résolution des Nations unies, elle qui avait travaillé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU à la promotion du droit international dans le cas cité à savoir la guerre contre l’Irak.

L’Algérie va rencontrer, cette semaine, les neuf autres membres du groupe des 5+5 dont elle fait partie à savoir les cinq pays européens du bassin occidental de la Méditerranée, et ses quatre autres voisins du Maghreb. Les premiers sont solidaires et déjà engagés au sein de l’Union européenne tandis que les autres sont éparpillés tant au sein du Maghreb qu’au sein de la Ligue arabe. Ils sont ensemble mais pas unis. Les premiers sont engagés avec l’UE sur le plan de l’économie, et encore un peu moins sur le plan de la défense. 
Les Etats-Unis encouragent depuis longtemps à la construction du Maghreb, au moins du Maghreb économique, en attendant d’avancer pour passer à une forme d’union. Un blocage politique des négociations entre le Polisario et le Maroc entrave le processus de construction du Maghreb sur les plans politique et économique. Pourront-ils dépasser leurs profondes divergences au sein de l’Union Pour la Méditerranée et se présenter ainsi solidaires pour renforcer leurs relations avec d’autres ensembles régionaux dans le monde ? Il ne faut pas oublier que l’UPM n’a pas pour vocation de devenir un ensemble obligatoirement solidaire car il n’y a pas que les cinq qu’on rencontre régulièrement dans le groupe des 5+5. 
A ses débuts, il s’agissait de construire l’UM et non l’UPM. L’UM envisageant à ses débuts de grandes ambitions, car Sarkozy voulait en faire un ensemble soudé. C’était la Chancelière allemande qui avait tenu à introduire le P pour y intégrer tous les autres pays de l’UE justement pour qu’il n’y ait pas d’organisation parallèle à l’UE. Elle ne voulait pas d’une France  » bigame  » mariée à l’UE et à l’UM. Comment réussir dans le groupe des 5+5 ce qu’on ne peut pas réussir entre les pays du Maghreb ? 
Si le Maghreb économique n’existe pas, qu’est-ce que nous pouvons faire dans ce domaine tant avec l’UPM qu’avec l’UE ? Plus de raisons de fermer les frontières avec le Maroc que de raisons pour les fermer ? La fermeture des frontières bloque l’avancée des négociations de coopération économique, voire la construction du Grand Maghreb. Ne serait-il pas un projet trop grand pour les pays du Maghreb que de décider de faire cette union que l’on sait pourtant impossible? Les dirigeants s’étaient consultés et n’avaient pas pu. Les peuples pour le moment quant à eux n’ont jamais été consultés à ce sujet. Pourtant, les dirigeants parlent d’un Maghreb des peuples. 
En juin 1988, à Zéralda, au lendemain de la clôture du sommet de la Ligue arabe, les cinq dirigeants des pays du Maghreb, en présence du roi de l’Arabie Saoudite, avaient tous affirmé que la question du Sahara Occidental ne pouvait nullement en constituer un obstacle. Et pourtant, cette vision n’avait pas été confirmée sur le terrain. 
Tous ceux qui avaient suivi avec admiration le rôle qu’avait joué la France au Conseil de sécurité de l’ONU pour promouvoir le droit international dans l’agression que s’apprêtait à commettre l’hyper puissance américaine contre l’Irak espéraient qu’enfin la justice internationale influerait sur toutes les décisions onusiennes. Il aurait fallu dans le cas du Sahara Occidental, qu’une puissance comme la France s’en tienne à la résolution des Nations unies, elle qui avait travaillé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU à la promotion du droit international dans le cas cité à savoir la guerre contre l’Irak. La France avait ouvert la voie à l’espoir mais l’a refermée avec sa position dans l’affaire du Sahara occidental. 
Les populations sahraouies souffrent pour deux raisons : pas de souveraineté politique sur leur Etat, car encore colonisé au troisième millénaire bien amorcé, pas de souveraineté sur leur devenir économico social pour cause de colonisation de leur pays. Pourra-t-on dire, maintenant, après la position de la France sur la question du règlement du conflit entre le Maroc et le Polisario, qui a révélé un parti pris flagrant en faveur du Maroc, que le projet de l’Union Pour la Méditerranée est sur la bonne voie ?
Il est vrai qu’un tel projet nécessite que les conflits cessent et que s’installe la stabilité politique comme préalable à la stabilité économique et à la réunion des conditions d’une coopération d’où la possibilité de penser à une intégration économique.
N. B.
Le Maghreb, 9 avril 2013
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