Concomitamment, en visite chez le Makhzen, le président français, après des tonnes de louanges à la «démocratie» qui règne dans le royaume, et son souhait de «trouver les moyens de faire en sorte qu’on avance ensemble», après avoir répété l’insulte faite aux résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental, a signé une «déclaration conjointe», où il convient avec Mohammed VI de «soutenir et d’amplifier la dynamique d’internationalisation des entreprises marocaines et françaises en direction de l’Afrique, espace d’opportunités économiques…».
Aucune leçon ne semble avoir été tirée de plus de deux décennies d’obéissance, quasi obséquieuse sinon zélée, aux directives et autres conseils des puissances du marché. Ni le délabrement du tissu industriel péniblement acquis, ni l’indigence du privé national, ni les réticences des investisseurs étrangers (pour autant qu’ils puissent être des facteurs de développement), ni la transformation du pays en déversoir de produits d’importation, ni le renforcement de la dépendance à l’égard des hydrocarbures n’ont provoqué la moindre remise d’une politique économique suicidaire.
Encore et toujours, ce sont des annonces prometteuses de lendemains lumineux qui dominent, alors qu’elles ont depuis longtemps acquis le statut de vœux pieux. Tout fier, filant droit sur le mur de la désillusion finale, retardée par l’embellie financière qui ne doit rien à l’intelligence d’une quelconque gouvernance, le ministre de l’Industrie, Cherif Rahmani, nous parle de la mise en place de dispositifs d’«alliance industrielle entre l’Algérie et la France». Pour être plus précis, il nous apprend que le ministre du Commerce français et lui ont décidé «de construire un projet commun dans le cadre d’un espace euro-méditerranéen afin de pouvoir encore exister dans un marché mondialisé».
A l’écouter, nous devrions être amenés à croire, non seulement que c’est parti pour de bon dans le sens d’une renaissance économique, mais que c’est aussi la seule issue possible. Il irait de notre survie que de rater cette opportunité. Il y a eu, bien sûr, des échanges d’amabilité.
Notre ministre a fait un appel pressant aux investisseurs français et leur a rappelé qu’il y a un comité, créé en association avec la Banque mondiale, qui s’occupe de l’amélioration du «climat des affaires», c’est-à-dire qui va leur créer les conditions qu’il faut en balayant tout ce qui peut gêner une fructification maximum de leurs affaires.
Leur ministre, plus sobre, a évoqué l’objectif de la France de «rester le premier partenaire commercial de l’Algérie». Son problème étant différent, il veut juste assurer aux entreprises françaises que le marché algérien leur sera favorable, libre à elles de venir investir ou pas.
Concomitamment, en visite chez le Makhzen, le président français, après des tonnes de louanges à la «démocratie» qui règne dans le royaume, et son souhait de «trouver les moyens de faire en sorte qu’on avance ensemble», après avoir répété l’insulte faite aux résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental, a signé une «déclaration conjointe», où il convient avec Mohammed VI de «soutenir et d’amplifier la dynamique d’internationalisation des entreprises marocaines et françaises en direction de l’Afrique, espace d’opportunités économiques…». Une seule vérité, le TGV, acheté à la France par le Makhzen autour de 5 milliards d’euros empruntés, qui déroute les Marocains, dont les préoccupations en matière de transport public sont à des lieux des objectifs de ce projet. Là aussi, quoi que l’ambition expansionniste alaouite soit payée en retour, le marché de dupes prospère sans entraves.
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 7 avril 2013
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