François Hollande confirme au Maroc sa réputation d’homme indiscernable. En même temps, en effet, qu’il se réfère aux résolutions des Nations Unies dont les recommandations au sujet du Sahara occidental préconisent clairement l’organisation d’un référendum d’autodétermination, le chef de l’Etat français soutient le « plan d’autonomie » marocain qui écarte la perspective de l’indépendance.
Par Brahim Younessi
Adepte, sans doute, du clair obscur rembranesque, François Hollande devenu président de la République, en mai dernier, entretient toujours le flou que lui reprochait sa rivale, Martine Aubry, lors des primaires socialistes. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », disait-elle, reprochant à François Hollande de toujours vouloir « passer entre les gouttes ».
La fonction présidentielle qui exige de la détermination ne semble pas avoir changé son caractère, lui ayant valu les sobriquets de « Flamby, fraise des bois, monsieur on verra…», pas très flatteurs.
La politique étrangère, comme « jeu des influences, n’est plus, depuis, au moins, la fin de la guerre froide, fondée sur la conception idéologique du monde coupé en deux ; elle privilégie d’abord « le poids des intérêts » économiques et stratégiques.
En rupture avec les positions traditionnelles du Parti socialiste sur la question du Sahara occidental, François Hollande se met sur les pas de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy qui ont été des alliés inconditionnels de la monarchie marocaine, à telle enseigne que le roi Mohamed VI a été pris, à la mort de son père, Hassan II, sous la protection des deux prédécesseurs de l’actuel chef de l’Etat français, le reconnaissant comme leur filleul.
Après « Chirac Al Alaoui », comme aimait à le présenter la presse espagnole, le président François Hollande aurait-il, après avoir qualifié le plan d’autonomie marocain de « sérieux et crédible » la faveur de porter le titre de « Moulay » ?
En tant qu’abandon des principes au profit des intérêts nationaux les plus étroits, la realpolitik adoptée par François Hollande sur le Sahara occidental, loin de le résoudre, complique la solution du problème, en croyant tenir un équilibre entre Alger et Rabat, par cette position qui fait dissonance au sein du gouvernement.
Président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale avant de devenir Premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault écrivait, le 31 mars 2011, à la présidente de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique, que «les socialistes dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés ».
A l’évidence, François Hollande a préféré se mettre dans les babouches de Jacques Chirac qui avait appelé à voter pour lui à la présidentielle que de se mettre dans le sillage de François Mitterrand, ayant fait du droit à l’autodétermination du Sahara Occidental l’une de ses 110 propositions, en 1981, et de «La Lettre aux Français » de 1988.
Lors de son voyage à Alger, en 1989, le défunt président de la République française, répondant à une question à ce sujet, déclarait, habilement, qu’il « aurait été difficile de ne pas parler [du Sahara occidental] alors [qu’il était question] du Maghreb uni, ce qui suppose la résolution de ce difficile problème.
Dans un organisme nouveau qui réunit le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie, la Libye, le Sahara occidental se trouve en première ligne.
Cette création nouvelle dont le premier acte a été posé à Zeralda suppose forcément un apaisement des tensions dans cette région.
Le plus simple, disait-il encore, c’est de confier, comme cela a été fait, les intérêts et les réponses aux problèmes internationaux posés aux Nations unies et aux grandes organisations qui en ont la charge […] ».
En clair, il faut s’en remettre aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et à celles de l’Union africaine qui recommande, depuis 1979, « la préparation d’une atmosphère propice à l’instauration et au maintien de la paix dans la région par l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental à travers un référendum.»
Mon journal, 6 avril 2013
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