Paris ne peut prétendre jouer un rôle de «médiateur» dans le dossier du Sahara occidental

Le président français François Hollande au Maroc : Business as usual… pas de droits de l’Homme
Plus sans doute pour la forme qu’autre chose, Mohamed Abdelaziz a une nouvelle fois, à la veille de la visite de François Hollande au Maroc, demandé à la France de «réviser une position, qui est perçue aujourd’hui comme un obstacle pour les intérêts bien compris de la France, qui sont ceux de la paix et de la justice». La France ne révisera rien du tout.
Le soutien à la monarchie marocaine fait partie des «constantes», que l’Elysée passe à droite ou à gauche. Dans un monde occidental, où, selon les altermondialistes et les «indignés» – et pas seulement eux -, la démocratie a été phagocytée par les marchés, transformant les dirigeants politiques en des «fondés de pouvoir», les «constantes» sont clairement fixées par les intérêts économiques. Et au Maroc, ce sont les intérêts économiques les plus puissants, ceux du CAC 40, qui sont présents sur place et ont fait de ce pays l’arrière-cour de l’économie française.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec des échanges commerciaux de plus de 22 milliards de dollars et des dizaines de milliards d’euros en investissement. Marrakech est une ville où les chefs des plus grandes entreprises et les politiciens ont leurs habitudes – parfois très vilaines -, et cela crée une relation très particulière. A Rabat, où les courtisans du roi lui reprochent de leur avoir fait l’affront de visiter l’Algérie avant, la question du Sahara occidental n’est pratiquement pas un «sujet» pour François Hollande. La France, qui a constamment protégé Rabat contre une application stricte des résolutions de l’ONU et l’a donc aidé à gagner du temps, est en faveur du plan d’autonomie de Rabat. Point barre. Paris est même quelque peu agacé que des ONG des droits de l’homme «l’ennuient» avec les tortures et autres dépassements à l’égard des Sahraouis. «Les nombreux appels et courriers adressés à
Paris par des Sahraouis restent vains», note sobrement Le Monde. Ce sera donc un sujet «effleuré», tout au plus. La position pro-marocaine n’étant plus un secret, Paris ne peut même pas prétendre jouer un rôle de «médiateur» dans le dossier du Sahara occidental. Pas plus qu’elle ne peut être d’un quelconque secours dans le dégel du projet maghrébin, plombé par les divergences entre Alger et Rabat. Paris sait depuis longtemps de quoi il retourne. Et d’une certaine manière, la cause est entendue. La France n’essaye pas de faire changer d’avis à l’Algérie, et réciproquement.
Le vrai sujet politique est bien le Mali, le dossier sur lequel «Flamby» a voulu montrer qu’il a du «muscle». Le Maroc – comme l’Algérie – a laissé passer les avions français au-dessus de son espace aérien. Mais ce que cherche Hollande est de trouver une «relève» à ses troupes, qu’il veut retirer graduellement du Mali. Des troupes algériennes, c’est très improbable. Des troupes marocaines, cela reste possible, Rabat pouvant y trouver une occasion de «revanche» pour son exclusion par l’Algérie, au nom d’une stricte limitation aux «pays du champ». Pour le reste, ce sera «business as usual». Avec un souci. Si le Maroc reste une terre de prédilection des entreprises françaises, une arrière-cour, il y a une montée espagnole «inquiétante».
L’Espagne devenue le premier fournisseur du royaume. Dans cette «montée» espagnole se lit pourtant une donnée «très française», une habitude des chasses gardées qui ne se rend pas compte des évolutions en cours. 
En crise, les entreprises espagnoles sont devenues plus agressives sur le marché marocain, qui est devenu, hors zone euro, la seconde destination des exportations ibériques, après les Etats-Unis. Cette montée en puissance a été déjà entamée sous un gouvernement socialiste de Zapatero, qui a tourné le dos aux Sahraouis. Le gouvernement de droite de Mariano Rajoy l’a conforté et a évité de revenir à la politique de «confrontation» d’Aznar. Hollande ne s’intéressera ni aux droits de l’homme des Marocains, ni à ceux des Sahraouis. Il parlera du Mali, sa «grande décision», et de business.
Reportersdz, 03 avril 2013

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