Une campagne médiatique qui coïncide avec la visite de l'Envoyé de l'ONU pour le Sahara Occidental

Medelci parle du petit Islam Khoualed, détenu au Maroc
Le chef de la diplomatie algérienne, qui s’exprimait hier sur les ondes de la Chaîne III, s’est voulu être «apaisant» en évoquant les attaques, dont est régulièrement la cible notre pays, de la part de l’agence de presse marocaine, la MAP, agissant et écrivant sur ordres directs venant du makhzen.
Invité de la Radio nationale, le chef de la diplomatie algérienne est revenu en détail sur beaucoup de sujets chauds internationaux touchant de près l’Algérie, et qui font l’actualité présentement. Le premier, et le plus important d’entre eux, a très certainement trait aux relations tumultueuses qui continuent d’exister entre Alger et Rabat à cause du refus de celle-ci de se conformer à la légalité internationale concernant la colonisation du Sahara occidental, mais aussi à cause de la contrebande et le trafic de drogue que le Maroc pratique à très grande échelle à nos frontières. En bon diplomate, qui se respecte, Medelci a préféré jouer la carte de l’apaisement, non sans planter une banderille bien sentie sur les flancs d’un makhzen de plus en plus aux abois. Pour lui, donc, «la campagne médiatique marocaine contre l’Algérie est en contradiction avec la volonté de l’Algérie et du Maroc d’aller de l’avant. Il ajoute qu’il s’agit là «d’une question que nous avons débattue avec nos frères marocains de manière extrêmement sereine». Viens ensuite la pique bien méritée : «Nous faisons un constat qu’en effet l’ambiance créée par ces annonces médiatiques, surtout quand elles sont portées par une agence d’État, est en contradiction avec la volonté politique de l’Algérie et du Maroc d’aller de l’avant». Il est évident, pour qui sait qu’il n’existe aucune liberté d’expression chez nos voisins marocains, et que les prétendues réformes lancées par le roi Mohamed VI n’étaient que de la poudre aux yeux, que les attaques lancées par la MAP contre notre pays ont forcément été ordonnées par les plus hauts responsables du royaume chérifien. De pareilles attaques s’expliquent par la fébrilité qui tend à gagner les dirigeants marocains à mesure que leur politique coloniale au Sahara occidental est décriée, et qu’il s’enfonce dans une crise sociale, économique, et même politique de plus en plus grave. Un constat pareil, au reste, ne laisse pas d’être soulevé par Medelci pour qui «cette campagne coïncide avec la visite en Algérie et dans la région de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies chargé de la question du Sahara occidental, Christopher Ross». Concernant la tournée que mène Ross dans la région, le ministre a espéré que cela “pourrait constituer une avancée entre les deux protagonistes, le Maroc et le Polisario”.
Les raisons des réserves de l’Algérie
À une question sur l’ouverture des frontières algéro-marocaines, Medelci a précisé que cela relève d’une question «bilatérale» et c’est donc, a-t-il dit, «bilatéralement qu’il nous (Algériens et Marocains) faudra trouver le chemin de la solution de cette question». Rabat, on s’en souvient, avait unilatéralement décidé de fermer ses frontières avec l’Algérie et d’instaurer un visa de circulation et de séjour en 1994, quand l’Algérie faisait l’objet d’un embargo qui ne dit pas son nom et où elle avait le plus grand besoin de ses voisins immédiats. Le Maroc ne s’était pas contenté de renforcer cet embargo, puisqu’il était allé jusqu’à encourager, abriter, financer et armer les terroristes du GIA, lorsque le défunt Hassan II avait décrété qu’il voulait faire de l’Algérie un laboratoire grandeur-nature et à ciel ouvert. À présent, c’est le Maroc qui s’en mord les doigts. Outre le douloureux retour de flamme lié à l’émergence des takfiristes de la «salafia djihadia» et l’arrivée au pouvoir d’islamistes, il continue d’enregistrer un manque à gagner de plus de 4 milliards de dollars chaque année à cause de la fermeture de ses frontières terrestres avec l’Algérie. Notre pays, qui joue sur du velours, et qui a refusé de se plier aux «conseils» de Washington et de Paris, concernant ce sujet, continue de soutenir que cette question doit être réglée dans un cadre global, incluant donc la question du Sahara occidental, celle de la contrebande, de la lutte contre le trafic de drogue et l’émigration clandestine, ainsi que la relance du processus d’édification de l’UMA. S’agissant du jeune Algérien, Islam Khoualed, détenu au Maroc sous la fallacieuse accusation d’«agression sexuelle» contre un jeune Marocain, il a préféré jouer la carte de l’extrême prudence en affirmant que «l’Algérie n’a pas l’intention de remettre en cause la souveraineté de la justice marocaine», précisant que c’est à cette dernière de «se prononcer». «Notre rôle à nous est d’exprimer, de manière constante et substantielle, notre solidarité à ce jeune et à sa famille et nous l’avons fait et nous continuerons de le faire», a-t-il indiqué, tout en souhaitant que «le processus d’appel qui vient d’être introduit pourra permettre à la justice marocaine de tenir compte de ce qui s’est passé réellement».
«Les éléments d’informations en notre possession indiquent qu’il n’y a pas vraiment de quoi créer ni une situation de ce type-là pour les deux familles et encore moins pour en faire une question politique», a encore souligné le ministre, précisant, dans ce sens, que «nous ne voulons pas en faire une question politique».
Le processus d’édification de l’UMA toujours en panne
Le chef de la diplomatie algérienne a également abordé le sujet relatif au processus d’édification de l’UMA, toujours en panne à cause des blocages que fait encore peser le Maroc.
Cela ne l’empêche quand même de se montrer optimiste car, selon lui, «l’Union du Maghreb arabe est dans une phase de normalisation de son fonctionnement et la tenue d’un Sommet de l’UMA est tributaire de la réunion de toutes les conditions, notamment celles en relation avec la situation sécuritaire dans la région».
Mettant quand même un bémol à cet optimisme démesuré, il poursuit pour dire que «nous sommes engagés dans un processus sérieux de préparation d’un Sommet, mais nous sommes, également, bien loin, aujourd’hui, de boucler ce qui nous paraît être nécessaire de réunir comme conditions pour que celui-ci soit un succès». Parmi ces conditions, Medelci a cité la situation sécuritaire qui prévaut, aujourd’hui, au Maghreb et dans le Sahel. Il a reconnu ainsi «que la tenue d’un tel Sommet dans les conditions actuelles est un peu délicate». C’est à ce titre que le ministre a expliqué que la gestion de la situation sécuritaire prévalant dans la région constitue une condition préalable pour la tenue d’un
Sommet de l’UMA. Il a annoncé, dans ce cadre, la tenue prochainement à Rabat d’une réunion des ministres de l’Intérieur de poursuivre le processus né à Alger, en juillet 2012, et «qui, pour la première fois, avait donné à l’UMA un caractère substantiel, où les ministres des Affaires étrangères avaient débattu de la question sécuritaire». «C’est lors de cette rencontre que nous avons passé en revue le risque sécuritaire propre à notre région. Nous sommes sortis avec la plateforme d’Alger qui a donné une lecture de ce risque et, en particulier, celui découlant des développements de la crise libyenne et malienne», a-t-il rappelé. Le ministre est également revenu sur les réserves émises par l’Algérie par rapport à l’adhésion de l’opposition syrienne au sein de la Ligue arabe. Pour lui, en effet, «les réserves de l’Algérie sont fondées sur la Charte de l’organisation qui stipule que seuls les États peuvent y siéger. Cela ne signifie rien moins, en langage moins diplomatique, que ce sont les États membres qui ont fait cette proposition qui sont dans l’illégalité, et qu’il y a bel et bien eu hold-up commis par le Qatar et l’Arabie saoudite. Ces derniers, en effet, ont pris par effraction le contrôle de la Ligue arabe. À une question relative à la position de l’Algérie par rapport à la situation en Syrie, il a souligné que «l’Algérie, qui entend être respectée en tant qu’État, ne s’autorise pas d’interférer dans les affaires internes d’autres États. Nous ne pouvons pas être plus tranchant que cela, nous ne pouvons pas décider pour les Syriens. C’est aux Syriens de se décider». «Nous n’avons jamais eu de divergences ni de discrimination dans le regard que nous avons jeté sur les mutations enregistrées dans les pays arabes. Depuis les événements survenus en Tunisie, la Libye, l’Égypte, la Syrie et bien dans d’autres pays, l’Algérie a toujours eu la même position», a-t-il encore précisé.
Ali Oussi

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