C’est une tempête dans un verre d’eau car le procédé est cousu de fil blanc. Insidieusement, la raison profonde de ces attaques est constituée par la double question des frontières et de la décolonisation du Sahara Occidental. Cette sortie médiatique est l’indice que les autorités marocaines ont manqué de retenue et de sang froid face à la gestion de ces deux dossiers qui ne progressent pas selon leurs désirs.
Franchement! Voilà que la MAP, l’agence de presse officielle marocaine, s’érige en donneuse de leçons de bonne conduite démocratique à l’Algérie. Un comble! On nage dans le délire le plus total lorsque ce média révèle à ses lecteurs des conflits sociaux en Algérie et décrit les Algériens comme taillables et corvéables à merci.
On n’est pas dans le crime contre l’humanité mais on n’en est pas loin à se fier au sombre et macabre tableau que dresse l’agence marocaine sur l’Algérie. Enfin! Qui peut en croire un seul mot? L’excès est dans ce cas de figure largement et lamentablement insignifiant. Qu’ont donc fait les Algériens pour mériter tant de ressentiment qui est d’abord une insulte à l’idée et à l’idéal si élevé entre les deux peuples d’une fraternité qui plonge ses racines dans la nuit des temps? Rien ne nous sera décidément épargné.
Qui dit MAP pense palais royal et cela résume la substantifique moelle des tirs à boulets rouges de l’agence de presse officielle marocaine. Il y-a de quoi s’interroger sur la teneur et le ton de propos incendiaires sur un pays réputé frère et ami comme l’Algérie. Quand même! Il faut savoir raison garder et ne pas faire de confusion entre cette rhétorique fielleuse et assimiler des sentiments aussi manifestement anti-algériens à une posture du peuple marocain.
C’est une tempête dans un verre d’eau car le procédé est cousu de fil blanc. Insidieusement, la raison profonde de ces attaques est constituée par la double question des frontières et de la décolonisation du Sahara Occidental. Cette sortie médiatique est l’indice que les autorités marocaines ont manqué de retenue et de sang froid face à la gestion de ces deux dossiers qui ne progressent pas selon leurs désirs.
Et cela au moment où la presse internationale rapporte les difficultés du gouvernement marocain à remettre en marche une machine économique fortement grippée. Il est commode alors pour détourner l’attention de se déchainer sur le pays frère et voisin en oubliant ses propres turpitudes. Et d’une manière assez grossière et désobligeante qui pourrait donner à penser qu’en comparaison, le royaume chérifien est le paradis des droits de l’Homme.
Il faudrait peut-être demander au peuple sahraoui qui lutte pour son indépendance, ce qu’il pense de cette image idyllique. Car enfin, les Algériens n’ont pas de conseils à recevoir. Ils sont suffisamment murs pour savoir comment débattre de leurs problèmes. D’autant qu’ils sont sur la place publique et que ce n’est pas pour autant le chaos ou la fin du monde. Une telle attitude envers l’Algérie ne témoigne pas d’une vision sereine de l’Histoire car elle vise à creuser le fossé entre deux peuples qui ont tout à partager.
C’est une démarche sommaire, lapidaire, nourrie par la haine, la rancœur, et la rancune. Elle disqualifie ses auteurs à prôner une unité dont ils sont les premiers, et ordinairement les seuls, à saper les fondements oubliant à cet égard que dans ce contexte rien ne peut se faire contre l’Algérie. Et surtout pas contre elle.
Par Djamel Eddine Merdaci
L’Actualité, 2 avril 2013