La visite de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, hier àAlger, intervient après celle effectuée à Rabat, puis dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine et, enfin, dans les camps des réfugiés sahraouis où il a rencontré les responsables de la RASD.
En prévision du rapport qu’il doit soumettre au Conseil de sécurité le 22 avril prochain, avant la réunion de celui-ci sur le conflit opposant le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara Occidental, Christopher Ross effectue une tournée dans la région. Dans son précédant rapport, de même que dans ses déclarations, Ross a eu à avertir sur les risques du statu quo marquant le processus de décolonisation du Sahara Occidental sur la stabilité et la sécurité dans la région. Alors, arrivera-t-il, au cours de sa mission, à débloquer la situation sur la voie de l’application du droit international en direction du peuple du Sahara Occidental ? C’est ce qui semble être le défi majeur que Christopher Ross est appelé à relever en vue de mettre fin aux manœuvres de renvoi aux calendes grecques de l’application du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Au moment où l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU achève sa visite dans la région, Rabat, après avoir reçu Ross, s’apprête, ces jours-ci, à accueillir le président Hollande. Un déplacement du président français qui sera rythmé par la remise du rapport de Ross au Conseil de sécurité le 22 avril et la tenue de la réunion de ce dernier sur le Sahara Occidental. Le soutien inconditionnel et traditionnel de la France, membre permanent au Conseil de sécurité, à la colonisation marocaine du Sahara Occidental est à l’origine du silence des responsables français sur les atteintes des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc.
D’autre part, notons que la Minurso est la seule mission de l’ONU à travers le monde qui ne comprenne pas la surveillance des droits de l’Homme en plus de sa mission fondamentale, la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Ross, connu certes pour être un fin diplomate, réussira-t-il à faire valoir la force du droit international sur le droit de la force ? D’autant plus que les manœuvres du Maroc et de ses alliés, dont Paris, qui sont dictées par des intérêts d’ordre géostratégique sur la région, sont bousculés par les nouvelles donnes survenues et d’autres en cours. La crise économico-financière frappe de plein fouet l’Occident et Rabat, n’étant pas épargné par ses effets, compte par son système colonial profiter davantage de son exploitation illégale des ressources naturelles de ce territoire. Ce qui se traduira par des profits, notamment pour Paris, en ces temps durs de crise qui ont d’ores et déjà annoncé la voie des nouveaux rapports en cours dans les relations internationales.
Ross, qui, au cours de sa visite la semaine dernière des territoires occupés, a été, rappelons-le, ainsi que les membres de la Minurso déployée depuis 1991, témoins de l’oppression et de la répression marocaines contre les militants sahraouis lors d’un sit-in pacifique. Ce qui ne saurait être occulté dans le rapport que Ross remettra aux membres permanents du Conseil de sécurité, trois semaines après le début de la présidence de ce Conseil par le Rwanda.
Les appels au respect des droits de l’Homme dans le monde, notamment par les détenteurs du droit de veto au Conseil de sécurité, continuent à faire l’objet de la politique du deux poids deux mesures, dictée par leurs intérêts respectifs souvent au détriment des droits des peuples portés dans l’esprit et les textes de la charte onusienne. En premier lieu, le droit à l’autodétermination dont le peuple du Sahara Occidental ne peut faire l’exception dans le parachèvement du processus de décolonisation. Ce qui a été à maintes reprises porté dans les résolutions onusiennes par le biais des différents organes et structures de l’ONU, principalement le Conseil de sécurité, sur la base de la résolution 15-14. Ce qui devrait être la voie à promouvoir par Ross pour le parachèvement de la décolonisation au Sahara Occidental en permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, illustrant effectivement ainsi le respect des droits de l’Homme.
Karima Bennour
La Nouvelle République, 01 avril 2013
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