A cause du conflit du Sahara Occidental, le Maroc tient à s’implanter en Belgique. La raison? La présence des instances européennes, une communauté marocaine de 200.000 personnes. Deux agents des services secrets marocains activant dans le consulat marocain à Bruxelles ont été expulsés en 2009 pour activité illégale. La DST marocaine tente de s’introduire par des organismes civiles, tels les parlementaires belges d’origine marocaine, les imams des mosquées, la radio et la télevision. Premier directive : Défendre les thèses marocaines sur le Sahara Occidental. Maghreb TV en est un exemple. Le journal l’Expression apporte des détails sur cette entité.
Maghreb TV, une télévision marocaine inquiète Bruxelles
Pour ceux qui ne le savent pas, le Maroc dispose en Belgique d’une télévision importante créée et installée à Bruxelles: Maghreb TV. Cette télévision qui diffuse de la capitale belge possède des studios et du matériel broadcast d’une grande qualité pour ses émissions. Almaghreb TV (AMTV) est la première chaîne de télévision en Belgique et en Europe, dédiée entièrement à la culture maghrébine qui diffuse à partir de Bruxelles, à l’initiative de son fondateur et P-DG, le belgo-marocain Mohammed Tijjini, natif de Berkane et établi en Belgique depuis 1995. Il profite de la forte présence de la communauté marocaine en Belgique estimé à 200.000 personnes, contrairement aux Algériens qui ne sont que 20 000 ressortissants. Le financement de la chaîne est à 100% belge, a-t-on déclaré, précisant que le capital est financé par des fonds propres des fondateurs ainsi que par un partenariat public-privé en cours de finalisation. Tijjini a tenu à indiquer que «la chaîne prévoit la réalisation de reportages au Maroc», se montrant ouvert à toutes formes de partenariats avec les chaînes marocaines Al Oula et 2M. On découvre que des reportages dénonçant la demande d’indépendance des Sahraouis et le soutien total de la politique du Makhzen dans le dossier épineux du Sahara occidental. Juriste et acteur associatif, Tijjini a été, notamment producteur de la première émission «Arabesque» consacrée à la communauté maghrébine de Bruxelles et diffusée sur la chaîne flamande bruxelloise TV Brussel, s’est volontairement positionné comme l’ambassadeur de la politique extérieure marocaine en Europe.
Dernièrement, Maghreb TV avait introduit une demande d’autorisation auprès de l’IBPT (Institut belge des postes et télécommunication), utilisant ainsi les particularités institutionnelles bruxelloises afin de tenter d’échapper à des cadres légaux adaptés comme celui du CSA. C’est ce que révèle un député belge, Jean-Claude Defossé, à la ministre de l’Audiovisuel Fadila Laânan, qui est d’origine marocaine. Mme Laânan (issue du parti socialiste belge) s’était inquiétée du développement à Bruxelles de télévisions utilisant des méthodes pas cathodiques pour échapper aux règles visant une qualité minimale d’information. Fadila Laânan, ancienne journaliste de la RTBF jugeait «clairement polémiste et incontrôlable», en plus de faire concurrence aux autres opérateurs en parts de marché et en revenus publicitaires sans avoir les mêmes contraintes. Maghreb TV, qui diffuse des programmes en français, en néerlandais et parfois en arabe dialectal marocain, n’est, en effet, pas soumise au contrôle du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel, niveau communautaire) mais à celui de l’IBPT, le régulateur des télécoms au niveau fédéral. Ainsi, une chaîne comme Maghreb TV est soumise aux dispositions de la loi fédérale du 30 mars 1995, récemment modifiée par une loi du 27 décembre 2012 visant à transposer la directive européenne sur les services de médias audiovisuels. Ce qui inquiète le plus les parlementaires belges, c’est la force de proposition qui est en train de prendre cette chaîne dans le paysage audiovisuel européen. En choisissant le terme de Maghreb, Tijjini souhaite accaparer la communauté maghrébine et créer une puissante médiatique qui aura son mot et son image à diffuser.
Amira Soltane
L’Expression, 28/03/2013
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