Après les fracassantes révélations faites par le chef de la diplomatie sahraouie, c’est le tour d’un détenu sahraoui de jeter un véritable pavé dans la mare, en indiquant avoir subi les pires tortures pour avouer avoir commis des attentats terroristes au nom du Front Polisario contre les forces de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental, ndlr).
Décidément, l’étau n’en finit plus de se resserrer sur le Maroc, au point où beaucoup d’observateurs s’attendent à ce que Christopher Ross mette fin au statu quo soigneusement entretenu par le Maroc par rapport au Sahara occidental afin d’y imposer sa politique du fait accompli, en proposant au Conseil de sécurité de l’Onu d’adopter une résolution contraignante afin d’obliger Rabat à accepter, enfin, la tenue d’un référendum d’autodétermination. Ce n’est, au reste, pas un hasard si Mohamed VI a préféré éviter la confrontation en se trouvant en déplacement dans plusieurs pays d’Afrique au moment de l’arrivée du représentant de l’Onu au Maroc.
Ainsi donc, il y a de cela quelques semaines, un exemplaire de l’hebdomadaire mauritanien «Points Chauds On line» a été saisi par le gouvernement marocain. La raison ? Dans ses pages, il y avait une interview avec le responsable sahraoui de la diaspora en Mauritanie, Cheikh Malaïnine. Le titre de l’article était particulièrement évocateur : «Il n’échappe à personne qui est l’ami et qui conspire pour mettre à feu et en sang la région». Une allusion, on ne peut plus claire, aux tentatives du Maroc de maintenir, coûte que coûte, le statu quo au Sahara occidental dans le but de couper les ailes à la résistance du Polisario, en l’accusant d’avoir partie liée avec les terroristes, les contrebandiers et les trafiquants de drogue et d’armes qui écument le Sahel. Mais, manque de pot, Brahim Dihani, un sahraoui qui croupit dans les prisons marocaines a accusé ses tortionnaires de lui avoir proposé de revendiquer des attentats terroristes contre des membres de la Minurso, ainsi que contre des infrastructures d’exploitation de phosphates dans les territoires occupés sahraouis.
Cette accusation vient, ainsi, s’ajouter à celle, d’une gravité extrême, faite depuis Alger par le chef de la diplomatie sahraoui. Celui-ci a en effet confirmé ce que beaucoup de gens savaient déjà, à savoir que le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) est une création des services secrets marocains. C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle celui-ci s’en prend exclusivement aux intérêts algériens. Il est, en effet, derrière les deux attentats qui ont visé les sièges de la gendarmerie de Tamanrasset et de Ouargla, ainsi que l’enlèvement de militants humanitaires européens dans les camps de réfugiés de Rabouni. La même source a ajouté que les services secrets marocains pullulaient à Gao, sous couvert d’activistes islamistes du Mujao, quand le nord du Mali était sous le contrôle des terroristes islamistes. Cela permettait à Rabat de s’adonner anonymement au trafic de drogue, tout en contribuant à déstabiliser la région du Sahel. Plus grave encore, c’est le Mujao, et donc les barbouzes marocains, qui se trouvent derrière l’enlèvement de nos diplomates à Gao…
Kamel Zaïdi
Le Courrier d’Algérie, 27/03/2013
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