Le 8 novembre 2010, les forces de répression du Maroc ont procédé au violent démantèlement d’un camp de plus de 8000 tentes de fortune à Gdeim Izik, dans les banlieues de la ville d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc. Le camp avait été érigé pour protester contre la précarité de vie dans les territoires du Sahara Occidental sous contrôle marocain. Depuis, 22 sahraouis croupissent dans les prisons du Maroc. Parmi eux, Naama Asfari, l’époux d’une dame française qui a décidé de s’adresser au président français pour demander justice pour son mari.
Le Sahara Occidental était une colonie espagnole. En 1975, fut envahi par le Maroc. En 1991, l’ONU décréta le cessez-le-feu en vue d’organiser un référendum d’autodétermination et installa une mission internationale, la MINURSO. Vingt-deux ans après, la population de ce territoire classé non-autonome par les Nations Unies, continue d’attendre ce référendum. La mission onusienne du Sahara Occidental est la seule à ne pas contrôler le respect des droits de l’homme.
Claude MANGIN épouse ASFARI à François HOLLANDE
36 rue Barbès Président de la République
94200 Ivry sur Seine Palais de l’Elysée
58 rue du Faubourg St Honoré
75008 PARIS
Ivry, le 26 mars 2013
Objet : Demande d’intervention auprès du Roi du Maroc pour la libération de mon mari Ennaâma ASFARI et de ses 21 compagnons, prisonniers politiques pacifistes Sahraouis, condamnés par le Tribunal Militaire de Rabat à de très lourdes peines le 18 février 2013
Monsieur le Président,
Vous vous rendez dans quelques jours au Maroc, aussi je vous adresse cette lettre pour vous demander d’intervenir auprès de Mohamed VI afin de lui demander de libérer les 22 prisonniers politiques Sahraouis qui viennent d’être condamnés à des peines allant de 20 ans de prison à la perpétuité.
Ce verdict a été prononcé à l’issue de 9 jours de procès inéquitable devant un Tribunal Militaire alors que les prévenus étaient des civils ce qui est condamné par l’ensemble des Associations de Défense de Droits de l’Homme tant au Maroc qu’au plan international. Ils ont tous été torturés au cours de leur détention.
Ce procès est intervenu après 28 mois de détention arbitraire suite à des arrestations qui ont eu lieu dans le contexte du démantèlement par la force du « Campement de la Dignité » de Gdeym Izik qui a rassemblé 20.000 Sahraouis durant plus d’un mois en octobre-novembre 2010 à 10 km de El Aaiun, véritable exode intérieur, pour protester contre les conditions de vie qui leur sont imposées par l’occupation de leur pays depuis 1975.
Depuis le 7 novembre 2010 , veille du démantèlement, où mon mari a été enlevé, tabassé, a disparu durant 6 jours, a été torturé avant d’être transféré à Rabat, je n’ai cessé d’écrire aux autorités françaises.
Depuis octobre 2012, de nombreux rendez-vous pris ont été pris avec votre conseiller diplomatique et avec les conseillers de plusieurs ministres de votre gouvernement par les Associations Françaises de Soutien au Peuple Sahraoui et j’ai été reçue à plusieurs reprises, ainsi que les avocats et élus français observateurs au procès, à l’Ambassade de France à Rabat, confiants en ce que les bonnes relations entre les deux gouvernements contribuent à sortir de cet arbitraire.
Monsieur Fabius m’a répondu le 4 février qu’il avait alerté son homologue sur le cas de M.Asfarilors de sa visite de décembre. Le résultat est inverse à celui attendu quand on voit le verdict et lesviolences policières inouïes perpétrées sur les militants qui ont émaillé la visite de Christopher Rossà El Aaiun cette dernière fin de semaine.
Je ne veux pas en dire plus, tout cela est connu de vous. Il est vrai que le grand public n’a pas accès à ce qu’est le Maroc réel en 2013, il serait sans nul doute ébahi de découvrir qu’un pays présenté comme si beau, ami de la France qui plus est, puisse organiser un tel procès avec un tel verdict.
Dans l’attente d’un heureux dénouement à cette terrible injustice à l’image de celle subie par tout le peuple Sahraoui depuis 38 ans, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de mes salutations respectueuses.
Claude Marguerite MANGIN-ASFARI
Chevalière dans l’Ordre National du Mérite
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