Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed-Salem Ould Salek, a affirmé hier à Alger que le Maroc, “qui a créé le groupe terroriste, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), est derrière l’enlèvement des diplomates algériens à Gao au Mali”. «Le Mujao a été concocté à Rabat, ses têtes pensantes se trouvent dans la capitale marocaine et ses agents voyagent fréquemment entre Rabat et deux capitales au minimum en Afrique, avec des passeports diplomatiques”, a précisé Ould Salek, lors d’une conférence de presse. “C’est eux qui sont derrière l’enlèvement des diplomates algériens, des humanitaires espagnols dans les camps de réfugiés sahraouis et les nombreuses attaques terroristes contre l’Algérie”, a-t-il dit, sans écarter le lien entre le Mujao et l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine. Il a affirmé que “depuis 2006, l’ambassade marocaine à Bamako est devenue le lieu où se réunissent des officiers de renseignements marocains pour se déployer au niveau de Gao et Tambouctou et dans le nord du Mali, en général, afin d’organiser les réseaux de contrebande de drogue et ceux du Mujao”. “Ils sont également utilisés comme médiateurs entre les groupes terroristes et certains pays européens pour négocier la rançon contre la libération d’otages”, a-t-il affirmé.
Ce n’est pas tout. La drogue marocaine est également en train d’inonder les pays nord africains et ceux du Sahel et constitue une menace pour la stabilité de la région ainsi qu’au projet du Grand Maghreb. Selon lui, le Maroc à travers les différents mécanismes de l’État (la gendarmerie, la police et les services de renseignement) s’est tourné vers l’Afrique après que les pays européens ont procédé à la fortification de leurs frontières sud. « Depuis 2009 une grande quantité de la production marocaine de cannabis (85% de la production mondiale) passe à travers les frontières marocaines aux pays voisins grâce à la bénédiction d’officiers hauts placés auxquels sont affiliés des dizaines de sous-traitants», a-t-il indiqué.
Pour étayer ses propos, il a évoqué le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les différents centres mondiaux qui indiquent « qu’en plus de monopoliser le commerce du cannabis, le royaume Chérifien est devenu un point de passage des différentes drogues dures issues de l’Amérique du Sud ». Le même responsable indiquera également que selon des estimations de plusieurs centres européens et mondiaux, « les revenus du Maroc en matière de drogue représentent 25 milliards de dollars en 2012.
Des sommes qui sont investies pour obtenir un soutien pour sa guerre au Sahara occidental, dans l’habitat et dans le tourisme ». Poursuivant dans le même ordre d’idée il dira que, « notre voisin de l’ouest fait semblant de condamner des trafiquants de drogue pour bénéficier des aides européennes destinées à lutter contre la production de cannabis et la remplacer par des productions agricoles dans les régions du Nord mais la production de drogue ne fait qu’augmenter ».
Concernant la guerre au Mali et ses retombées sur le trafic de drogue, le ministre des AE sahraoui indique que, «le nord-Mali est devenu une région incontournable dans le trafic de drogue à cause de la main- mise des groupes terroristes dans la région ». Il dira à ce propos que, « le Maroc profite de cette guerre pour faire passer sa marchandise et a même créé le Mujao pour déstabiliser l’Algérie et le Front Polisario ». Pour mettre fin à ces pratiques marocaines, Ould Salek lance un appel « pressant » pour les différents pays et notamment ceux de l’Union européenne qui doivent selon lui, « exercer des pressions sur le royaume de Mohamed VI pour mettre fin au trafic de drogue et ses répercussions dévastatrices sur la sécurité et la stabilité des pays à travers le monde ».
D’autre part, le responsable sahraoui a salué la visite de Christopher Ross au Sahara occidental, tout en dénonçant l’oppression ignoble qu’à subie la manifestation pacifique qui a suivi sa visite. « Nous saluons la visite de Ross aux territoires occupés du Sahara occidental qui intervient néanmoins à un moment où l’oppression marocaine bat son plein, et est en train de prouver son indifférence par rapport aux différentes résolutions onusiennes et les traités internationaux», a-t-il indiqué en comparant même la politique marocaine avec celle de l’entité sioniste en Palestine. Pour lui, « Cette situation est devenue intenable et témoigne de l’absence de volonté politique marocaine à engager de véritables négociations ». «Nous invitons le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination, nous espérons dans ce cadre que les rapports des ONG internationales et le soutient des amis du Sahara occidental dont à bénéficié Christopher Ross puissent plaider en notre faveur lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui aura lieu durant le mois d’avril prochain», a-t-il également indiqué.
Younes Guiz
Le Courrier d’Algérie, 26/03/2013
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