Disons-le sans détour, c’est encore sans illusion d’avoir du neuf qu’on attend de voir ce qu’il en ressortira de cette énième tournée dans la région d’un émissaire des Nations- Unies pour la question sahraouie. Cela dit, sans mettre l’accent sur l’identité de ce dernier qui retiendrait plutôt l’attention par sa nationalité américaine, incitant, pour le moins, à la circonspection quant à sa neutralité dans ce conflit où la position des Etats-Unis ne fait aucun doute sur son parti-pris pour le Maroc. Ce dernier qui n’a jamais montré la moindre flexibilité en dépit de tous les efforts pour parvenir à un consensus, synonyme de paix par la reconnaissance de l’indépendance du Sahara occidental.
De plus, on ne peut que se montrer encore plus perplexe par rapport à cette mission dont est investi Christopher Ross, quand on se rappelle que son prédécesseur, Peter van Walsum, mentionnait dans son rapport, en 2008, qu’en l’absence « de pression sur les Marocains », il est vain d’espérer voir cet objectif atteint. Et sachant que toutes les parties susceptibles de faire entendre raison au royaume chérifien, à savoir les USA ainsi que leurs alliés européens, ne reconnaissent pas la RASD, alors autant dire qu’avec ce caillou dans la chaussure à l’une de ses principales frontières, cette unité maghrébine nommée désir, est bien partie pour durer à l’état de chimère.
Et si, certes, le sujet est tellement truffé d’ambigüités qu’il n’est pas simple d’y voir clair, l’imbroglio de l’opposition syrienne ne l’est pas moins, et, pourtant, cela n’a pas empêché les Occidentaux de l’avaliser. Et si cela peut se comprendre, que dire, donc, de la Ligue arabe qui vient de la doter d’un siège en son sein, alors que, depuis le temps, et malgré le soutien de l’Algérie et d’autres pays, notamment de l’Union africaine, elle continue d’ignorer la République « arabe » sahraouie ?
Et cela, tout en étant, plus ou moins, convaincue qu’une reconnaissance à ce niveau, de la légitimité de la lutte du Polisario, pourrait faire avancer le schmilblick dans la voie de cette pression sur le Maroc qui, dans une telle configuration où mis à part l’intransigeance d’Alger et le rôle des ONG au chevet des réfugiés, joue sur du velours. Comme toujours, tel qu’il en ira encore cette fois, serait-on tenté d’ajouter, mais évitons tout pessimisme de mauvais aloi et attendons plutôt de voir quelle petite concession pourrait nous amener ce cher M. Ross de chez leur ami le roi !
Mohamed Raber
Mon Journal, 26/03/2013